Quelques aspects de la guerre monétaire en cours et à venir.
Tout d'abord il convient de rappeler que c'est la dette qui entraîné la crise financière et non pas la crise qui a entraîné la dette. Dans le montant de la dette publique accumulée la crise n'est responsable que d'environ 15 % du montant. Dans ces conditions c'est bien la dette par son insoutenabilité qui a entraîné la crise laquelle à culminé au moment de la faillite de la banque Lehman.
Dans ce contexte les gouvernements des pays industriels qu'il s'agisse des pays développés ou des pays émergents se sont lancés dans des politiques keynésiennes. C'est aux États-Unis que cette politique a connu le plus grand développement avec un plan de stimulation de l'économie tout à fait gigantesque. Ce plan de stimulation est financé par de la dette publique et par d'autres mécanismes comme le quantitative easing qui consiste à imprimer de la monnaie électronique pour acheter des actifs aux banques et ainsi injecter des liquidités dans l'économie ou bien un taux d'intérêt interbancaire à zéro ce qui est le cas aux États-Unis actuellement mais aussi en Europe.
Mais volà les politiques keynésiennes ne donnent pas les résultats souhaités. En effet si l'activité économique reprend très légèrement il n'y a pas de création d'emplois et les déficits s'accumulent à la fois sous la forme de déficits sociaux ou de déficit liés à de nouveaux plans de stimulation basés sur de l'investissement public.
Dans ces conditions on va essayer le protectionnisme. Le protectionnisme est difficilement acceptable par les autres pays sous la forme de taxes à l'import des marchandises. Les accords commerciaux précédents la crise les interdisent. C'est pourquoi le protectionnisme actuel est basé sur la dévaluation de la monnaie. À défaut d'imposer une taxe à l'import des marchandises on va par la dévaluation de la monnaie accorder une subvention à l'exportation et comme la monnaie du pays s'est dévaluée, les importations vont devenir plus chères ce qui revient à leur imposer une taxe virtuelle. Il y a aussi de petites mesures comme rendre plus cher un permis de travail pour un migrant etc. Cette guerre des monnaies ne peut s'envisager que dans une compétition à la dévaluation ce qui est en train de se produire entre la livre sterling, le dollar, le yen japonais et a contrario la réévaluation du réal brésilien ou du yuan chinois.
L'euro dans cette compétition des monnaies joue une carte assez particulière. Il est en train de se laisser réévaluer alors même que les Allemands ne souhaitent pas poursuivre les émissions monétaires sous la forme de quantitative easing permettant à la BCE d'acheter des actifs européens en particulier de la dette souveraine. Toutefois les allemands souffrent moins que les autres pays de la zone euro car vis à vis du mark l'euro est plus faible ce qui leur donne un avantage alors que par rapport au franc l'euro est plus fort cae qui aggrave notre situation déjà fortement dégradée par d'autres facteurs internes. Idem pour les pays du Sud en plus grave. C'est pourquoi la croissance en Europe peut-être menacé par ce type de variations monétaires très volatiles.
Les possibilités de la politique économique européenne peuvent se résumer à:
1/ il s'agit de développer le commerce intra-européen qui est loin de son maximum en raison des rigidités persistantes à l'intérieur des différents pays. Les 27 peuvent échanger plus et cela dans un espace monétaire sécurisé.
2/ il convient de renforcer la compétitivité de la zone euro non pas par un appel emphatique à l'innovation ce qui a été le fait lors de l'initiative de Lisbonne mais par des mesures immédiates extrêmement concrètes sur la législation du travail et sur la flexibilité de même que la mobilité des forces de travail en Europe. Il y a des jobs non pourvus dans l'UE et des chômeurs qui ne peuvent ou ne veulent les atteindre. Les allocations chômage sont payées par les états avec de la dette en raison des rentrées fiscales anémiques ce qui dégrade la situation de la dette souveraine en Europe. Les pays peuvent mieux coordonner leur forces de travail et inciter financièrement les chômeurs à prendre des jobs dans l'UE plutôt que de restera u chômage dans leur pays. Faire croire que l'Europe ne peut être que celle des capitaux, des marchandises des étudiants et des retraités mais pas celle des emplois est une grave illusion.
3/ la politique monétaire doit rester très conservatrice car la crise de la dette souveraine est intacte simplement calmée par l'appétit des investisseurs qui constatent des taux très bas dans le monde entier et achètent donc des dettes à plus de 4-5% de rendement pour dynamiser leur portefeuille. Si les efforts fiscaux et budgétaires se poursuivent notamment en France et en Italie ce dont on peut douter nous pourrions sortir de la crise de la dette dans 4-5 ans et alors l'investissement et la croissance repartiront. D'ici là la BCE est fragilisée par les milliards dette grecque qu'elle a acheté.