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Alain de Botton l'affirme : Proust peut changer votre vie. Ce n'est pas une blague. Pour preuve il suffit d'entendre parler de lui quelques-uns de ses lecteurs. Arte, un jour, le fit pour nous : un chauffeur de taxi, un agent publicitaire, un dirigeant d'entreprise. C'était juste avant la diffusion d'un film aujourd'hui introuvable (on se demande pourquoi) de Percy Adlon (le fameux réalisateur de Bagdad Café) : Céleste (récit des derniers jours de l'écrivain inspiré du témoignage de celle qui veilla sur lui jusqu'à la fin, Céleste Albaret). Tous les lecteurs rencontrés ce jour-là par la chaîne de télévision franco-allemande pour évoquer leur passion le jurèrent : plus rien, depuis leur découverte du roman du petit Marcel, n'était plus comme avant. Chacun en témoignait de charmante façon : meilleure drogue, impossible de trouver. Et moins nocive également bien entendu. Seulement dangereuse en ce qu'elle attente à bien des idées toutes faites, en particulier sur son accessibilité. Ce que renchérit d'ailleurs, pour sa part, de Botton lui-même (à qui l'on doit aussi une Petite philosophie de l'amour) au long de ce petit essai paru récemment aux éditions J'ai Lu. Celui-ci nous fournit mine de rien, en 219 pages troussées d'une plume pleine d'alacrité, souvent drôle, toutes les raisons de balayer enfin les appréhensions que suscite souvent cette oeuvre chez ceux qui n'ont pas encore osé lire A la Recherche du temps perdu, se privant ainsi à leur insu d'un bonheur décisif.