Après avoir emporté les provisions préparées par Luisa (« Vous feriez mieux de ne pas les oublier sinon elle serait capable d’aller vous retrouver en Grèce pour vous les apporter… ») et acheté la vignette obligatoire sur les routes slovènes, nous arrivons chez Andrej à Sezana. Andrej vit chez ses parents, viticulteurs, qu’il aide de temps en temps en plus d’un emploi ponctuel qu’il occupe dans un hôtel. Il n’a qu’une soirée à nous consacrer car il doit partir le lendemain matin pour Anvers mais il prend quand même le temps de nous faire visiter les environs : des montagnes recouvertes de forêts (la forêt occupe à peu près 60% de la surface du pays), des vignes rougissantes, le château de Štanjel à moitié en ruines en attente de fonds pour sa rénovation, un jardin créé par Mr Fabiani qui, d’après Andrej, était l’un des professeurs d’Hitler. Il lui enseignait la menuiserie ou un travail manuel dans le genre et l’a viré parce qu’il n’était pas assez bon. S’il avait su ce qui allait se passer il l’aurait peut-être gardé malgré son manque de talent…
Andrej nous a aussi accompagnés pour cueillir des figues, du raisin et ramasser des noix dans son jardin. Le tout devait faire partie de nos futures provisions pour le voyage mais les figues n’ont jamais atteint le sac : à peine cueillies, à peine mangées ! Il nous a également fait goûter au Teran, un vin AOC de la région (nommée Karst) et au pršut, un jambon qui est aussi une spécialité locale. Et en dessert, quelques mandarines locales. C’est la saison…
Nous avons passé une partie de la soirée avec l’un de ses copains dans une gare à moitié désaffectée qu’ils louent pour une bouchée de pain et où ils se retrouvent pour boire du vin, fumer de l’herbe, regarder la télé et jouer de la musique. C’est avec cet ami que nous en avons appris un peu plus sur la façon dont les Slovènes ont vécu la 2nde guerre mondiale. Ils s’estiment lésés concernant la frontière avec l’Italie car certaines villes et leurs environs qui sont maintenant côté italien auraient dû revenir à la Slovénie du fait du nombre d’habitants slovènes dans ces zones. D’autant plus que l’Italie avait perdu la guerre… Mais il paraît que l’URSS avait d’autres chats à fouetter à l’époque.
Tito est tombé à pic après les tentatives italiennes d’imposer le fascisme dans le pays, il passait pour le sauveur avec ses idées socialistes. On trouve d’ailleurs encore des monuments à sa gloire en Slovénie.
Apparemment il y aurait aussi des tensions avec la Croatie concernant la frontière : idem, certaines villes qui étaient slovènes à l’origine sont du côté croate. Il semblerait que des négociations soient en cours pour que les choses rentrent dans l’ordre et que la Slovénie récupère un morceau de côte méditerranéenne. Pas simple tout ça !