Dans un rapport en date du 23.11.2007 sur la question de l'heure d'été la Commission européenne concluait ici :
"Les informations mises à la disposition de la Commission pour la préparation du présent rapport permettent de conclure que l'analyse présentée dans la proposition de la directive reste valable: outre le fait qu'elle favorise la pratique de toutes sortes de loisir le soir et qu'elle génère quelques économies d'énergie, il y a peu d'impacts de l'heure d'été et le régime actuel ne constitue pas un sujet de préoccupation dans les Etats membres de l'UE."
En France, pour le calcul des « quelques » économies d’énergie constatées, l’éclairage des immeubles est bien pris en compte, de même que la consommation intérieure d’électricité, mais pas la consommation accrue de carburant par les véhicules, et par conséquent l'accroissement d'émissions de CO2… ce qui aurait pu modifier la conclusion des commissaires du peuple européen. Il serait donc bien incorrect de ma part de m’appesantir sur le "gain énergétique" obtenu, qui reléverait peut-être du fantasme...
On remarquera que, pour la Commission européenne, ce serait surtout "la pratique de toutes sortes de loisir le soir" et le fait que "le régime actuel ne constitue pas un sujet de préoccupation dans les Etats membres de l’UE" qui justifierait le maintien de cette mesure arbitraire. Pas un mot sur la santé des euro-citoyens.
Le Matin en ligne révélait avant-hier soir ici que la conseillère nationale UDC de Lucerne, Yvette Estermann [dont la photo ci-dessus provient d'ici ], avait déposé une motion fin septembre demandant que l'article 2 de la loi fédérale sur l'heure en Suisse ici, permettant au Conseil fédéral d'introduire l’heure d’été, soit supprimé.
La parlementaire lucernoise avance les arguments suivants à l'appui de sa motion :
- atteinte à la santé
- coût pour l'économie
- handicap pour les écoliers
- gain énergétique contestable
Le journaliste du Matin, Simon Koch, apporte de l'eau à son moulin sur trois de ces points.
Il a interrogé le Dr Raphaël Heinzer, codirecteur du Centre d’investigation et de recherche sur le sommeil du CHUV [Centre Hospitalier Universitaire Vaudois] :
"Une étude suédoise a montré que le nombre d’infarctus aigus du myocarde augmente de 5% dans la semaine qui suit le passage à l’heure d’été"
Il a interrogé le Dr Stephen Perrig, responsable du Laboratoire du sommeil des HUG [Hôpitaux universitaires de Genève] :
"Les adolescents ont une horloge interne naturellement décalée vers le soir. Ils sont donc davantage fragilisés par le passage à l’heure d’été. Les jours suivant le changement, ils sont plus somnolents à l’école et mettent plus de temps à récupérer."
Il a enfin interrogé Marianne Zünd, porte-parole de l'OFEN [Office fédéral de l'énergie], qui à propos du gain en électricité d'éclairage, déclare :
"C’est plutôt le contraire qui est vrai. Les gens assis aux terrasses des restaurants consomment plus d’électricité qu’une personne qui reste chez elle."
Alors pourquoi maintenir l'heure d'été ? La même Marianne Zünd fait cet aveu :
"Nous ne voulons pas être un îlot de temps, isolé au milieu du continent. Etre en décalage avec les pays voisins coûterait très cher. Il faudrait adapter tous nos échanges avec eux deux fois par année. Tant que l’Union européenne ne supprime pas l’heure d’été, nous n’avons pas de raison de changer."
L'UE se caractérise donc bien par l'arbitraire : elle impose aux autres pays une mesure inutile et néfaste. Elle n'est capable d'opposer aux objections que le bon plaisir des noctambules et la force de l'habitude.
Francis Richard