Rendons à Edgar ce qui n'appartient pas à Sarko

Publié le 02 janvier 2008 par Nico2312
Quelle est la principale différence entre Guy Môquet et
Edgar Morin ???
Le second, contrairement au premier, est encore en vie, ce qui lui permet de se défendre quand ses écrits sont plagiés, déformés, sortis de leur contexte, voire violés, par Nicolas Sarkozy et son scribe nécrophile Henri Guaino. Le sociologue, auteur du concept de "politique de civilisation" s'interroge ainsi ouvertement dans Le Monde au sujet de la reprise de cette formule par le président de la République lors de ses vœux télévisés : "M. Sarkozy a repris le mot, mais que connaissent-ils de mes thèses, lui ou Henri Guaino ? Est-ce une expression reprise au vol ou une référence à mes idées ? Rien dans le contexte dans lequel il l'emploie ne l'indique". En effet, la pensée d'Edgar Morin est un poil plus difficile à maîtriser que les paroles de Carla Bruni, comme il le précise : "lorsque j'ai parlé de politique de civilisation, je partais du constat que si notre civilisation occidentale avait produit des bienfaits, elle avait aussi généré des maux qui sont de plus en plus importants. Par exemple, le bien-être matériel produit un mal être moral, physique et humain. Ou encore, sur le plan écologique, le développement des sciences et techniques a engendré une dégradation de la biosphère et une pollution que l'on sent sur le plan de la vie quotidienne"… Jean-Pierre Raffarin avait eu le nez plus creux (et la pensée sans doute aussi plus creuse…) en empruntant la "positive attitude" à Lorie sans que cette dernière ne trouve rien à y redire…
Preuve que les propos du chef de l'Etat sont pour le moins peu clairs, y compris pour son propre camp, personne, que ce soit au gouvernement ou à l'UMP, n'est capable de traduire clairement la pensée présidentielle. Roger Karoutchi, le secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement, voit dans la "politique de civilisation" "un souffle nouveau, c'est la renaissance au sens italien. Comment revitaliser, renouer avec une autre image pour l'ensemble du pays". Et de se justifier par une analyse limite psychanalytique des paroles de Nicolas Sarkozy qui selon lui "est obsédé par ce qu'a été le déclin lent de la France dans les trente ou quarante dernières années. Il dit : 'moi je veux que la France change, que la France de la rupture ce soit la France du pouvoir d'achat, la France des réformes, sociales, hospitalières etc…". De son côté Patrick Devedjian, qui se flatte d'être un proche du président de la République (qui l'a pourtant laissé sur le carreau au moment de former le gouvernement…) traduit "politique de civilisation" par "ambition", mais n'importe laquelle : "une grande ambition pour la France, la transformer, de s'inscrire dans la durée, vouloir tenir quelque chose qui va tenir la distance et qui ne sera pas oubliée le lendemain matin". Mais heureusement nous éclairer on peut toujours compter sur… Eric Besson qui y voit "un code de valeurs" reposant sur deux éléments : "mettre l'éducation au coeur des politiques publiques et le respect, valeur civique importante".
Dommage que les vrais penseurs qui entourent le chef de l'Etat, tel Steevy, Richard Virenque ou autre Jean-Marie Bigard (à moins qu'il ne soit resté au Vatican…) n'aient pas encore fait part de leurs propres définitions de la "politique de civilisation"