Jacques Séguéla : du "fils de pub" au "fils du hub"

Père fondateur ou père fouettard de la publicité française de ces 30 dernières années, Jacques Séguéla est récemment intervenu à l'occasion du discours d'ouverture du "Hub Forum". J'avoue avoir été agréablement surpris par le speech de cet incorrigible "fils de pub", qui n'aura pas été tendre avec le métier qu'il aime tant, au moment d'en dresser le bilan. Certes, le propos n'étonnera pas les habitués des petites phrases à l'emporte pièce de la communication 2.0, mais dans la bouche d'un Séguéla, elles prennent une autre dimension. Jugez plutôt :

Nous entrons aujourd'hui dans la 3è révolution, la révolution "infostrielle" (information et immatérielle)
qui au lieu d'être une révolution dans le dur est une révolution dans l'espace. Qui au lieu de conquérir les marchés, va devoir dialoguer avec ces marchés. Qui, au lieu d'imposer -ce qui a été notre métier- un message, va être obligé de le négocier, de le discuter (...) Au delà de la communication, la seule chose qui restera c'est l'influence.
Nous les pubards du 20è siècle, nous en avons lourd sur le cœur. Nous avons cru inventer la société de communication, nous avons inventé une société de solitude. Plus on a communiqué au 20è s moins on s'est parlé. Nous avons tous été sans le savoir des petits Goebbels, moi le premier. On a enfoncé des slogans dans la tête des gens sans qu'ils puissent réagir jusqu'à les rendre complètement marteau, à coup de marteaux
Et aujourd’hui depuis à peine 5 ans, 10 ans voilà que tout d'un coup le consommateur a la parole, voilà qu'il a droit de citer, voilà qu'il est tellement plus nombreux que nous, tellement plus fort que nous, que c'est lui qui va décider demain de la communication.
Et donc cette révolution qui est en train de se passer et une révolution comme toute révolution avec une chance extraordinaire de se remettre en question et avec un risque terrible que le pouvoir qu'avait la pub s'envole récupéré par le consommateur parce que le consommateur est devenu un consom’acteur, parce que de consommateur intermittent (...) il est devenu un consommateur permanent, branché en continu sur l'info du monde entier, parce que hier, gogo, nous l'avons rendu « pro » dans les années 80, mais il est aujourd’hui proprio, copropriétaire des marques qui sont en train e perdre leur fond de commerce, et peuvent se faire déposséder de l'âme de leur marque.
C'est le grand passage de l'affiche à l'influence et on voit ce 360 degrés qui se développe avec cette génération qui s'invente. (...)

La vidéo in extenso :