Elle fut très présente durant mon enfance. Ma maman l'admirait et était amoureuse, comme beaucoup de femmes, de Montand. Même si j'avais 12 ans à sa mort, elle fut pour moi un des rares modèles féminins qui m'a fait grandir. L'actrice, la femme engagée, l'écrivaine m'inspirent et me touchent encore.
Simone est née avec le nom de son père, Kaminker, d'origine juive. Durant la seconde guerre mondiale, sa mère lui donnera son nom de jeune fille. Au Café Flore, elle fait partie de la bande à Jacques Prévert qu'elle adore.
Elle épouse Yves Allegret, réalisateur, et auront tous deux une fille, Catherine. Simone perdra ensuite un enfant à un stade avancé de la grossesse. Leur couple durera six ans. Simone rencontre Yves Montand en 1949. C'est le coup de foudre. Le genre de rencontre qui change tout, irrémédiablement. Montand lui donne un ultimatum. C'est lui ou moi. Un paparazzi la prendra en flagrant délit d'infidélité, une photo, tôt le matin, en sortant de la chambre de son amant... Simone court annoncer la nouvelle à son mari de peur qu'il ne l'apprenne par la presse. Plus tard, elle se demandera souvent ce qu'elle aurait fait si cette photo n'avait pas été prise.
Décembre 1951, Jacques Prévert est le témoin de son second mariage. Simone a besoin d'admirer son mari, elle est servie ! Peut-être un peu trop mais elle peut compter sur lui pour le lui rappeler. Alors qu'elle a refusé le rôle de Thérèse Raquin pour assister Montand durant sa tournée, elle raconte une anecdote symbolique de leurs nombreuses batailles (voir l'Extrait ci-dessous).
Alors que le visa leur a été refusé durant des années en raison de leurs opinions politiques, le couple part aux Etats-Unis. Simone joue, Yves chante. Elle sera la première actrice française a obtenir l'oscar de la meilleure actrice pour le film Room at the top.
Le couple n'aura pas d'enfant. Simone fera deux fausses-couches, à nouveau à un stade avancé. Elle perdra également son frère, happé par la mer. Malgré les malheurs, le couple a le sens de la famille et de l'amitié. Ils aiment vivre en tribu. A Autheuil, ils achètent une maison de vacances comprenant plus de vingt pièces afin que tous les amis proches puissent y avoir leur chambre. Au moment de signer le contrat, ils sont tous invités ! Simone est exclusive et ne supportera pas, par la suite, que certains d'entre eux s'achètent leur propre maison de vacances.
L'auteure aborde avec justesse et tact l'impact des années. Alors que Montand est de plus en plus séduisant pour les femmes, Simone est davantage marquée par le temps. Les infidélités de son mari lui fabriqueront un refuge qui n'arrangera rien, l'alcool. Pourtant, l'actrice refusera la chirurgie, allant jusqu'à s'enlaidir pour certains rôles. La femme trompée reste digne, elle écrira à propos de Marilyn : « elle n'aura jamais su combien je ne l'ai jamais détestée, et comme j'avais bien compris cette histoire qui ne regardait que nous quatre et dont le monde entier s'est occupé dans un temps troublé où il se passait pourtant des choses plus importantes ».
En refermant cette biographie, un constat : l'inexistence d'une filiation. Même si de nombreux artistes sont engagés, aucun d'entre eux ne l'est au point de placer leur engagement avant leur carrière. La femme, l'actrice, l'auteure, la citoyenne, Simone Signoret a su, mieux que personne d'autre, quadraturer cette formule magique.
Une lecture riche et inspirante basée sur une recherche incroyablement foisonnante. Bravo à l'auteure pour ce portrait fouillé d'une magnifique densité.
Robert Lafon, 369 pages, 2010
Extrait
« Ce jour-là, je tricotais comme aime à le faire une épouse effacée et comblée. Il (Yves Montand) répétait, et ça n'allait pas exactement comme il voulait. C'est alors qu'il s'avisa de la disparition d'un petit bout de papier qu'on avait posé sur le piano auquel on n'aurait jamais dû toucher, sur lequel il avait noté des choses de première importance (...). je ne sais qui était responsable de ce transfert (...). toujours est-il que, le bruit des aiguilles à tricoter aidant, j'ai agacé mon mari. Il m'a contemplée un moment et a dit :
« - Tu fais quoi ? Tu es là, tu tricotes...
- Je suis là parce que je suis bien, si je n'étais pas là, je serais en train de travailler.
- Travailler, c'est vite dit. Pour travailler, il faut qu'on vous demande.
- ...pour travailler, il faut qu'on vous demande ? Je pourrais être en train de tourner Thérèse !
- Pour Thérèse, ils ne te voulaient pas vraiment, d'ailleurs il paraît que c'est X qui va le faire. »
Comme c'est un truc qui fonctionne toujours très bien avec moi, je me suis levée, j'ai roulé consciencieusement mon ouvrage, planté parallèlement mes aiguilles à tricoter et pris un temps fou pour aller jusqu'au téléphone. J'ai cherché studieusement le numéro de la production. Je le connaissais par cœur. Je me disais : il va m'arrêter. Il lisait le journal. Lentement, j'ai composé le numéro (...). J'ai dit : « c'est moi, Robert, je veux bien faire Thérèse ». Je m'attendais à tout, par exemple : « c'est trop tard, ça ne nous intéresse plus, Carné est fâché, Mlle X a signé son contrat... » Mais si Robert Hakim a jamais eu la voix d'un séraphin, il l'a eue ce jour-la en me répondant : « Je suis bien content, signons demain. »
J'ai raccroché. J'ai dit : « Tu vois ».
Et le César est attribué à...
retrouver ce média sur www.ina.frA tribute to...
Et parce que c'est beau...
Elles l'ont également apprécié...
Cynthia, Lily, Lili Galipette, Pascale...
Un grand merci pour cette découverte à...
et aux Editions Michel Lafon
Par Theoma - Publié dans : Biographies - Communauté : ♦ Lecture pour tous ♦Ecrire un commentaire 0 - Voir le commentaire - Voir les 0 commentaires - Partager ' ); YAHOO.util.Selector.query( 'input', dial.getEl(), true ).focus(); }, this, true ); return false; " title="Partager par adresse simplifiée"> Précédent : Marée basse à St-Malo Retour à l'accueil