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ACTA : montée en puissance

Publié le 09 octobre 2010 par H16

J’en ai déjà parlé, j’en reparlerai encore régulièrement : ACTA progresse, et ce n’est pas une bonne chose.

ACTA, c’est un traité qui vise à établir une espèce de norme internationale pour la gestion des droits de propriété et droits d’auteurs correspondants.

L’idée de base pourrait sembler bonne, mais en réalité, il s’agit surtout de réguler massivement la seule chose que les politiciens ont justement bien du mal à comprendre et contrôler : internet. ACTA, c’est HADOPI, en version non bancale, au cube et poussé internationalement. Si la version française prête à rire et fait un peu grincer des dents, surtout le contribuable, la version internationale, elle, risque bel et bien d’offrir un boulevard à tous les petits Big Brother qui sommeillent dans chacune de nos élites dirigeantes.


En gros, ACTA va forcer, à moyen terme, les fournisseurs d’accès internet à mettre en place le Deep Packet Inspection. Pour le moment chimérique, cette fonctionnalité revient à ouvrir chaque paquet IP qui transite sur les réseaux, au niveau des points d’entrée et sortie principaux (les FAI), pour en vérifier le contenu : avec différentes heuristiques, on peut ainsi reconstituer sinon l’intégralité au moins la nature et le sujet général d’une « conversation » IP (une communication d’information sémantiquement complète entre deux machines sur internet).

Au départ, on présentera bien sûr la mesure comme destinée à lutter contre (par hasard) les pédophiles nazis mangeurs d’enfants démocrates et chaque opposant à la loi sera immédiatement montré du doigt : « En ne soutenant pas cette loi, il est évident que vous soutenez implicitement les pédophiles, les nazis, les mangeurs d’enfants démocrates et ceux qui cumulent ces trois abominations ! »

Fini les pédonazis

(Notez qu'on peut imaginer le même procédé pour des lois qui combattraient l'eau sous forme de vapeur, ou disons le dioxyde de carbone, c'est mieux, sous prétexte que ça polluerait, ça mettrait en danger les générations futures et que ça réchaufferait l'atmosphère : s'y opposer, ce serait être un négationniste des problèmes environnementaux, ce qui mérite - au moins - la mort.)

Une fois que tout le monde aura bien évidemment entériné cette loi de peur de passer pour un nazi pédophile croqueur de gamins crus, on se dira que, tant qu’à regarder si le paquet ne contient aucun matériel nazi ou pédophile, autant aussi vérifier qu’il n’y a pas une recette pour une bombe atomique maison. Ou une arme blanche. Ou un projet de tract antigouvernemental. Ou un plan de fuite pour un pays libre.

Exagération ? L’avenir nous le dira.

Mais le fait que la presse officielle ne dise toujours absolument rien sur le sujet ACTA, qu’aucun journaliste n’ait même tenté une quelconque vulgarisation du sujet alors que les implications sont fondamentales, est un peu inquiétant. Je ne parierai pas, en tout cas, sur l’innocuité d’une telle loi.

Encore moins sur la capacité de l’Etat à en faire bon usage.

ACTA : montée en puissance

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Post scriptum : dans la presse nationâaaale, on ne trouve rien. Sur le web, en revanche, on trouve ceci, qui est très bien.


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