Saar est journaliste de guerre. Elle travaillait jusque là en duo avec son mari Solel. A ce titre ils suivaient les zones de conflit du Moyen-Orient pour leur journal, lorsqu'ils ont été victimes d'un attentat à la bombe. Saar en a réchappé avec de sérieuses blessures à une jambe. Pas Solel. Rapatriée en France, elle tente difficilement de retrouver goût à la vie dans son appartement de la place de la Contrescarpe à Paris. Elle n'est cependant pas seule, puisqu'elle est entourée de toute une famille qui prend soin d'elle : Catherine, la première femme de Solel et Sam, le fils qu'ils ont eu ensemble, ainsi que Julie, la fille que Catherine a eue avec son deuxième mari, Etienne. La vie s'écoule ainsi lentement, en laissant chacun face à ses blessures et ses doutes, jusqu'au jour où un gamin de 11 ans se juche sur une jardinière et clame haut et fort des propos incohérents qui ressemblent à des prophéties. A partir de ce moment, il reviendra tous les jours, et les vies de tous les protagonistes vont s'en trouver bouleversées.
Quel plaisir de retrouver Stéphanie Janicot et sa petite musique. Il y a peu d'auteurs qui comme elle savent percer le secret des âmes. Elle a un vrai talent pour sonder les sentiments de chacun, pour décrire les liens qui unissent ou désunissent ses personnages. Avec Stéphanie Janicot, on est dans l'intime, dans ces recoins de la personnalité que l'on a du mal à appréhender soi-même. Mais attention, si ce livre est un roman intimiste, on est loin du déballage de l'autofiction. Stéphanie Janicot ne se met pas en scène, ou alors, on peut supposer que chacun de ses personnages est un peu d'elle-même. Elle nous raconte les vraies blessures de la vie, celles qui ne s'étalent pas dans les journaux, celles qui sont le quotidien de chacun d'entre nous.
Si le livre est formidable de justesse, on peut cependant regretter que Stéphanie Janicot soit elle aussi touchée par ce mal Français qu'est cette incapacité chronique qu'ont de nombreux auteurs contemporains à terminer leurs livres. Ici, la fin est abrupte, trop rapide, comme s'il fallait en finir absolument, alors que durant tout le reste du livre, l'auteur prend le temps de nous installer dans ses personnages et son histoire. C'est dommage, mais cela ne doit en aucun cas occulter la qualité du livre.
Sur le sujet :
On trouve sur bibliosurf une note de l'éditeur, ainsi qu'une vidéo de l'auteur.
Sur le web :
Les derniers rebondissements concernant l'affaire de l'attentat de Karachi, c'est chez vachane ou chez jef.