Le Musée des Arts et Civilisations d'Afrique, Asie, Océanie et des Amériques a ouvert ses portes en juin 2006 et a reçu depuis lors plus de 5 millions de visiteurs. Pour autant, après les folles queues endurées lors de son ouverture, il constitue aujourd'hui un lieu de paix, de sérénité et de beauté comme il en est peu à Paris.
D'abord, parlons du bâtiment, immense arche suspendue créée par Jean Nouvel, avec ses chaudes couleurs de terre, son jardin touffu tapi derrière un immense écran de verre comme une échappée vers la savane arborée - ou arborescente - son mur végétalisé (800m² qui tissent de fleurs et de feuilles la couture avec l'immeuble haussmannien du flanc droit, créé par le botaniste et chercheur au CNRS Patrick Blanc).
Ensuite, la rampe sinueuse longue de 130m, ponctuée d'installations éphémères, pour vous faire oublier le monde agité d'où vous venez. En haut de la rampe, un accueil chaleureux : on vous demande si vous connaissez déjà la topographie du lieu et on vous propose de vous aider à vous orienter...Je ne connais aucun musée en France où on vous traite en ami et pas en client.
Mais l'on est irrésistiblement attiré par l'étroit sentier bordé de levées gainées de cuir, le long de la galerie plongée dans la pénombre, rythmée par des échappées dans d'étroites boîtes, et l'on passe d'Afrique en Océanie, d'Asie en Amérique, insensiblement charmé par l'extraordinaire mise en lumière des 3500 objets offerts à la vue.
Vous ne direz plus "arts premiers". En effet, le concept inventé en 1990 par l'initiateur du projet, Jacques Kerchache, laisse à penser que les civilisations ici représentées seraient par trop primitives. Or le propos est autre : il tend à démonter au contraire que la beauté formelle des arts extra-européens est aussi intense que le grand art classique européen que l'on vient admirer au Louvre.
Et il faut bien dire que cet objectif est souvent atteint. Comment ne pas voir aussi combien les essentielles préoccupations humaines à travers les siècles et le monde, se rejoignent : la quête spirituelle, le besoin d'intercesseurs pour la prière et l'incantation, la guerre, la musique, la parure - vêtements de fête et bijoux - l'affirmation de la puissance, le jeu et le sport....Masques dogons, poteries précolombiennes, coiffes de plumes d'Océanie, parures et textiles de l'Atlas, pierr-lyre du Sénégal, totems et bien entendu tabous....rien que de splendides représentations d'un art universel.
Bien entendu, on me dira que les collections rassemblées ici ont allègrement dépouillé le Musée de l'Homme et le Musée des Arts d'Afrique et d'Océanie, que l'on donne plus à admirer qu'à étudier... Ce qui donna lieu en son temps à de sérieuses controverses. Mais qui allait encore au Palais de Chaillot ou Porte Dorée ?
Ici, 37 quai Branly à Paris 7°, vous ferez le tour du monde en quelques pas et vous en sortirez abasourdi....Et un lieu où conduire des enfants. Pourtant, mercredi, ils n'y étaient pas nombreux, comme c'est dommage.....