Quand j’étais petit le catéchisme m’a appris qu’après la mort il y avait le Paradis pour les bons et l’Enfer pour les méchants. Quelques soient mes pêchés quand l’heure sera venue, je ne suis pas un saint mais je serais très déçu de ne pas aller au paradis en admettant que seule existe cette alternative.
D’un autre côté, me balader à poil toute la journée au milieu des champs avec des anges voletant au-dessus de ma tête me serinant des ritournelles vieilles comme le monde accompagnés d’un luth ou d’un flûtiau, ça risque de bien vite m’exaspérer. Car il ne faut oublier que je serais sensé être là pour l’éternité, or le plus long dans l’éternité, c’est surtout la fin. Je vous l’avoue, tout cela me turlupine beaucoup. Evidemment me direz-vous, personne n’en étant revenu, l’iconographie dont nous disposons ne relève que du fantasme au pire ou du probable au mieux, certes mais si tout ceux qui se sont penchés sur le problème depuis l’origine des temps n’ont pas trouvé le moyen d’améliorer l’image de la boutique, ça m’inquiète encore plus.
Alors je me suis permis d’imaginer ma propre version du machin. Moi après ma mort, je me verrais bien vivre dans un monde parallèle au notre. C'est-à-dire que je vivrais au même endroit, dans la même ville ou le même décor et dans ce monde j’y retrouverais ceux que j’aime et qui sont partis avant moi. Nous serions tous au mieux possible de notre aspect physique ou condition intellectuelle, chacun voyant l’autre comme il était dans son souvenir le plus favorable, ce qui éviterait de retrouver un vieux parent gaga par exemple.
Seuls les trépassés se côtoieraient dans cet environnement et se reconnaîtraient, avec un petit plus, nous pourrions aussi voir les vivants si nous le souhaitions (une option activable à tout instant) sans que l’inverse soit vrai, bien sûr, et sans que l’on puisse intervenir sur leur vie en cours. Néanmoins quand j’évoque un monde parallèle, il s’agit en fait d’une multitude de mondes parallèles qui font que par exemple, quand je me promènerais à Marly je n’y croiserais pas Louis XIV même s’il s’y baladait aussi. De plus, dans mon monde à moi, je ne risquerais pas de croiser un défunt connu que je n’aimais pas, sinon ce ne serait plus le paradis. Logique.
Bien entendu dans tous ces mondes parallèles les contingences matérielles sont inexistantes, il n’existe plus d’argent ou de propriété, on se fiche de la météo, n’étant plus que des esprits immatériels nous ne serions plus astreints à toutes ces corvées ou pratiques liées à la vie quotidienne et physiologique.
Au fur et à mesure que j’écris, bien que je m’essaie à imaginer ce qui serait le mieux pour moi, inconsciemment je pressens que même cet idéal deviendra chiant au bout d’un moment. Alors je n’ose formuler l’autre hypothèse qui en découle quasi automatiquement, si le Paradis est ennuyeux sur la durée, est-ce à dire que les MORTS ne pourraient VIVRE qu’en Enfer ?