A l’instar de Paranormal Activity l’an dernier, Buried fait partie de ces films-concepts sortis de nulle part qui cartonnent grâce à un pitch alléchant et au buzz qu’ils parviennent à créer. Mais bien heureusement, le second film de Rodrigo Cortés n’a rien d’autre de commun avec la bouse d’Oren Pelli.
Pourtant le pari était risqué. En effet, comment arriver à tenir en haleine le public pendant 90 minutes avec juste un acteur enfermé dans une boîte ? Surtout lorsque l’acteur en question est Ryan Reynolds, pas franchement réputé pour la finesse de son jeu (remember Blade Trinity et Amytiville ?). Mais au final, Buried est bien la petite bombe annoncée, un thriller machiavélique impressionnant de maîtrise. Car si le doute est toujours de mise durant les dix premières minutes, pendant lesquelles on se demande si Reynolds ne va pas commencer à surjouer, on se laisse en fait très rapidement happer par l’intrigue et le scénario diabolique concocté par le débutant Chris Sparling. On évitera ici de trop en dévoiler pour ne pas spoiler, mais le scénario de Buried est réellement un modèle d’écriture qui emmène exactement les spectateurs là où il le veut, maintenant un rythme soutenu grâce à de nombreuses péripéties savamment orchestrées. On se prend souvent à agripper son siège devant la tension présente à l’écran, ce qui est réellement un exploit en ces temps de disette horrifique. Et cerise sur le gâteau, le scénario se permet même une attaque assez juste et terrible des agissements des multinationales envoyant des employés dans des zones dangereuses pour ensuite se débarrasser de leurs engagements si la situation tourne au grabuge.
La mise en scène intelligente de Cortés est elle aussi au diapason de l’histoire, soulignant sans cesse l’étroitesse de la boîte dans laquelle le pauvre Paul Conroy est enfermé, suscitant la peur lorsque le briquet du héros s’éteint, jouant tout autant sur le registre sonore (la perturbante sonnerie du portable, seul lien du héros avec l’extérieur) que les effets de caméra (la terrible scène où la caméra s’éloigne lentement du héros, signifiant ses chances limitées de survie). Une mise enscène d’autant plus impressionnante qu’il aurait été facile et tentant soit de planter la caméra et de regarder passivement l’action (Paranormal Activity style) ou au contraire de sortir du décor unique pour montrer les interlocuteurs du héros.
Mais le film ne serait pas aussi réussi sans la prestation sans faille de Ryan Reynolds, totalement impliqué dans son rôle. Il déploie une palette d’émotion qu’on ne lui connaissait pas (même s’il avait déjà marqué des points avec l’excellent Mise à Prix), tour à tour paniqué, agressif, calculateur, mais toujours terriblement humain dans ses réactions. Il réussit pleinement à porter le film sur ses épaules et à faire vivre le calvaire de son personnage, homme banal pris dans un piège qui le dépasse.
Thriller malin et claustrophobe, Buried est une petite perle à découvrir d’urgence, donc le seul défaut est qu’un second visionnage sera forcément moins intense…
Note : 8/10
USA, 2010
Réalisation : Rodrigo Cortés
Scénario : Chris Sparling
Avec : Ryan Reynolds