Le sujet est loin d'être léger, mais l'actualité faite autour de l'exposition de Larry Clark et de ses photographies d'adolescents montre que le débat médiatique qui est né autour de l'interdiction au moins de 18 ans à l'exposition, que la nudité et la sexualité demeurent des sujets délicats, tabous pour certains.
La raison majeure de la mairie de Paris pour interdire l'exposition qui se déroule au musée d'art moderne de Paris est trouvée tout simplement dans un texte de loi, plus précisément dans le code pénal article 227-24, qui précise ; "Le fait soit de fabriquer, de transporter, de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu'en soit le support un message à caractère violent ou pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine, soit de faire commerce d'un tel message, est puni de trois ans d'emprisonnement et de 75000 euros d'amende lorsque ce message est susceptible d'être vu ou perçu par un mineur."
Étonnant donc, car il faut pour se faire une idée, voir l'oeuvre de Larry Clark. Mais pas seulement, il faut voir les oeuvres de nombreux artistes qui sont aujourd'hui parfois mis au banc des "accusés" comme si tout leur travail avait été de pervertir la société.
La pornographie, ici évoquée, n'est pas présente dans l'oeuvre de Larry Clark, les images sont brutes, elles peuvent être choquantes, mais dans le sens où elles interpellent le spectateur qui se sent dérangé par l'image.
La photographie ci-dessus mise en une de Libération montre à quel point l'une des images qui est la plus sexuée, est loin de la pornographie. La pornographie fait référence à l'obscènité, c'est à dire de montrer, d'exhiber un détail à caractère sexuel. Dans cette photographie la sexualité est présente, pour autant il sé dégage autre chose que de la pornographie, c'est d'abord le baiser qui attire l"oeil et la tendresse qui se dégage de l'ensemble. Mais le photographe ne cache pas la sexualité. La sexualité est-elle alors une atteinte à la pudeur ?Il y a dans de nombreuses photographies publicitaires bien plus d'obscénité et de vulgarité qu'ici, la femme y est souvent rétrogradée au statut de l'objet sexuel.Mais au-delà de Clarck, d'autres artistes sont touchés. Souvenez vous de Davis Hamilton et des photographies de jeunes filles, à l'époque elles étaient parfaitement acceptées (mais une salle interdite à Lyon lors de l biénnale de 2007). Hamilton développe une photographie romantique, jamais vulgaire, parfois un peu désuète, mais son travail artistique est toujours présent, ses photographies sont de réelles toiles...
Evidemment, là encore, la présence de jeunes filles et jeunes hommes peut choquer certains, mais il n'y a pas là d'images pornographiques, de l'érotisme dans certaines images, donc de la suggestion, pas de l'exhibition.Le journal Libération, mais aussi le Monde, comparent volontiers les photographies de Nan Goldin ou de Diane Arbus à celles de Larry Clarck, j'aimerais évoqué pour ma part un photographe qui s'expose encore plus en photographiant les gens nus, jeunes ou vieux, il s'agit de Jock Sturges, souvent comparé à un "pédophile" pour ses photographies naturistes, il fut d'ailleurs suspecté dans les années 90 d'avoir enfreint la loi sur la pornographie enfantine par le FBI, avant d'être relaxé.
Mais là encore, les photographies ramènent au monde originel et non à la pornographie. Le monde de Sturges est différent de Clark, celui de Nin est loin de celui d'Hamilton, pourtant tous montrent le monde sous un angle différent, avec esthétisme, leurs images procurent des émotions, et c'est cela qui est important.Les arguments de la mairie de Paris ne tiennent donc pas, l'âge des premiers rapports sexuels en France est de 16 ou 17 ans, interdire au moins de 18 ans est donc une première erreur. L'âge de visionnage du premier porno est de 14 ans en moyenne, et nous parlons là de films pornographiques, vus en catimini sans discussion sur la sexualité.Alors il vaut mieux autoriser les jeunes et moins jeunes à se rendre à l'exposition et à discuter de ces photographies,de ce qu'elles représentent de ce qu'elles montrent de la vie d'autres jeunes plutôt que de se retrancher derrière les "bonnes moeurs".