Dans la Vaine Attente, Nadeem Aslam rappelle avec justesse et subtilité que l'Afghanistan est géographiquement un pays à la croisée des grandes routes commerciales, des grandes civilisations et ne pouvaient au XXème siècle que devenir le théâtre des grands conflits internationaux. Ses protagonistes, des étrangers, lancés sur les traces des êtres chers à leur vie, sont les uns et les autres étrangers et complices des tourments de ce pays monde. Ils vont errer, se jouer les uns des autres, s'entraider pour finalement se dérober à eux-mêmes. Leur identité va se diluer dans l'éclatement de celle de l'Afghanistan.
L'histoire se déroule dans les années 80, lorsque l'Afghanistan pris dans l'étau des conflits internationaux bascule dans ses heures troubles où elle se débat encore aujourd'hui. Pour combattre la puissance des soviétiques, les Etats-Unis encouragent et stimulent la montée de l'islamisme, repoussant, chacun, les vestiges de la culture indienne au-delà des frontières territoriales. Le roman d'espionnage est continuellement contaminé par le souffle persan de l'écriture. Nasleem distille avec élégance les détails persans. Les symboles de la disparition du bouddhisme se consument au profit de ceux de l'Islam.
La Vaine attente est un roman déstabilisant, dépaysant et haletant.
La Vaine Attente, éditions point seuil, 475 pages, 7,50 euros.