L’assassinat de Benazir Bhutto est venu crisper encore davantage des marchés mondiaux déjà fragilisés par la crise financière, le pétrole et l’or repartant nettement à la hausse. Le Pakistan entre dans une nouvelle période de tensions et de turbulences, alors que des violences sporadiques ont déjà fait des dizaines de morts depuis l’attentat qui a tué l’ex-chef de file de l’opposition.” La mort de Bhutto pourrait aggraver les tensions géopolitiques et faire ainsi monter les prix du brut”, a estimé Prayoga Triyono, gérant chez Henan Putirai Asset Management à Jakarta.
“A partir du moment où les matières premières s’enflamment, ça joue sur les actions”, dit un courtier parisien. Le regain de tensions géopolitiques provoqué par la mort de Mme Bhutto attise en effet des prix du pétrole qui sont montés jeudi à leur sommet depuis un mois et ont pris plus de 5 dollars en une semaine. Vendredi, le baril de brut a clôturé à 97,92 dollars à New York, à courte distance de son record historique de 99,29 dollars, atteint le 21 novembre, et de la barre symbolique de 100 dollars, atteint aujourd’hui le 2 janvier 2008.
Le Pakistan n’est pas un pays producteur mais il se trouve dans une zone extrêmement importante en termes stratégiques et pourrait prendre une importance croissante pour le transfert d’hydrocarbures, remarque Francis Perrin, directeur de la rédaction de la revue spécialisée Pétrole et gaz arabes. “L’arme nucléaire, l’extrémisme islamiste, cela focalise l’attention des opérateurs de pétrole et s’ajoute à d’autres facteurs” qui ont fait rebondir le marché ces derniers jours, ajoute-t-il. Outre l’incendie d’un oléoduc au Nigeria, premier exportateur de pétrole africain, la baisse des stocks américains de pétrole démontre “une assez bonne tenue de la consommation pétrolière” aux États-Unis, précise M. Perrin, alors que les craintes d’un fort ralentissement outre-Atlantique avaient largement contribué au repli des prix du brut ces dernières semaines.
Le cours de l’or, traditionnelle valeur refuge en période d’incertitudes, a également bondi jeudi, gagnant jusqu’à 5 dollars après l’assassinat de Mme Bhutto, pour clôturer à 829 dollars. Et l’once de métal précieux était grimpait encore vendredi à 833 dollars, au plus haut depuis un mois et non loin du record historique de 850 dollars l’once atteint en janvier 1980. “Le marché est sur une tendance haussière” qui pourrait être accentuée ” si les élections prochaines au Pakistan sont perturbées ou si l’état d’urgence est réinstauré”, constate James Moore, analyste métaux chez Bullion Desk.