Nicolas Sarkozy fait sans doute peu de cas des remontrances du souverain pontife. Le 22 août dernier, Benoît XVI avait ajouté sa touche au trouble quasi-universel suscité par la politique de la France à l’égard des Roms en appelant en français la fille aînée de l’église à “accueillir les légitimes diversités humaines“.
Ces quelques mots venaient surtout cautionner l’émoi exprimé à voix haute par de nombreux hommes d’église français. Plus que de ramener dans le giron du sarkozysme l’électorat catholique, le président de la république cherche une absolution indispensable à ce que Christine Boutin avait qualifié de “faute morale”. Le temps est désormais à la construction de l’image adoucie de Sarkozy II, candidat aux élections de 2012. Le refrain est déjà connu “j’ai changé”.
Personne n’en doute tant le chef de l’Etat a de surprenantes capacités de mutations. L’hyperprésident est avant tout un être polymorphe libéral et interventionniste, capable de jouer l’ouverture et de chasser sur les terres d’extrême droite, de nommer des personnes issues de l’immigration au gouvernement et d’entretenir une quasi-xénophobie d’Etat …
Sans son épouse et sans Bigard, Nicolas Sarkozy va à Canossa. Vite fait, bien fait – une audience de 30 minutes- avec un chef de l’église trop content de voir revenir vers lui la brebis égarée qui lui avait servi sur un plateau lors du discours de Latran une laïcité «épuisée» et la formule hallucinante selon laquelle, dans “la transmission des valeurs et l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur“.
Ite missa est. Nicolas Sarkozy ne devrait pas avoir trop de mal à convaincre Benoît XVI que sa politique sécuritaire n’est pas contradictoire avec les valeurs d’humanité et d’humanisme prônées par l’Eglise. Les deux parties ont trop d’intérêts communs. Le mois dernier, Claude Guéant, secrétaire général de l’Élysée, déclarait au quotidien La Croix que “les souhaits de l’un et de l’autre se sont rejoints“. Signe ostentatoire de la bienveillance du Vatican à l’égard du chef d’Etat Français, le déplacement se conclura par un déjeuner officiel à l’ambassade de France près le Saint-Siège, en présence d’une vingtaine de prélats, et surtout du numéro deux du Saint-Siège, le cardinal secrétaire d’État, Tarcisio Bertone.
Le résultat n’est en revanche pas acquis pour l’électorat catholique. “On peut s’interroger sur l’impact immédiat d’une simple visite au Vatican” estime Jérôme Fourquet. Pour le directeur adjoint du département opinion de l’Ifop, “ce qui s’est passé l’automne dernier est assez profond et sera difficile à gommer. En fin de compte, c’est sur un projet de société que les catholiques se détermineront“. Une appréciation confirmée par Christine Boutin qui évoque le “désamour” et d’un électorat “très déboussolé”.
Crédit photo : capture d’écran
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