Etienne Pinte est député UMP des Yvelines , mais s’il se présentait dans le Var , je pourrais très bien voter pour lui. Voici pourquoi : ce n’est pas la première fois que ses prises de position me plaisent et l’article qu’il a fait paraître dans Libération du mardi 5 octobre 2010 me conforte dans l’idée que j’ai de lui : un homme bien.
Voici l’article: il est long et je ne l’ai pas trouvé sur Internet. Pas de copier/coller donc. Tant pis je l’écrirai volontiers à la main.
Les Roms, les oiseaux et la branche
“Ils étaient des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants que la France a eu l’honneur d’accueillir. Ils étaient rapatriés , boat people, Chiliens pourchassés par la dictature, Libanais victimes de la guerre civile, Africains en butte aux guerres fratricides, et je pourrais poursuivre la litanie des peuples privés de droit. Ils étaient Kurdes apatrides, Tamouls sans territoire, Kabyles aspirant à la liberté de vivre leur culture et je pourrais égrener les minorités rejetées , malmenées , torturées.
Et la France , aujourd’hui , “terre des libertés et des hommes” en quête de droit et de reconnaissance, où en est-elle ? Est-elle encore capable , elle qui demeure parmi les cinq pays les plus riches du monde , d’accueillir à sa table l’étranger en quête de survie, comme nous l’a rappelé le cardinal Vingt-Trois ? La réponse à cette question est arrivée cet été lorsque les Roms se sont invités à nos vacances pourries par un violent débat sur l’immigration et la sécurité. Peuple errant, rejeté, ballotté, pourchassé, expulsé, qu’avons-nous fait pour lui tendre la main, l’aider à s’intégrer, l’accompagner humainement dans sa longue marche ?
D’abord , démanteler “les camps”. Nos gouvernants auraient pu avoir la délicatesse de ne plus utiliser ce mot funeste qui rappelle tant de mauvais souvenirs à beaucoup d’entre nous ,à beaucoup de nations européennes, à nos amis Allemands en particulier, sans oublier les peuples russes.Je remercie les Suédois d’employer le mot “bidonville”. Notre seconde réponse fut l’expulsion en priorité de plus de 8000 Roms en 2009 et près de 9000 depuis le début de l’année 2010 ! Il ne doit plus y en avoir beaucoup puisqu’ils ont été évalués à 12 000 dans notre pays.Je dois avouer que voir à la télévision des files d’hommes , de femmes et d’enfants, partir avec leur baluchon, me renvoyait en filigrane au “Vel d’Hiv”. Ils n’étaient pas déportés vers la mort, seulement vers leurs misères.
C’est à ce moment-là que je me suis mis à remercier la Commission européenne de rappeler à l’ordre l’Europe et ses membres à leur devoir d’humanité , de respect et de dignité des minorités européennes souffrantes. C’est à ce moment-là que je me suis mis à remercier Angela Merkel de nous avoir révélé que l’Allemagne avaait intégré et naturalisé 70 000 Roms. C’est à ce moment-là que nous avons appris que d’autres pays (l’Espagne , la Suède) avaient des politiques d’intégration des Roms.Pourquoi la France ne ferait-elle pas aussi bien ? Pourquoi n’étendrait-elle pas les expériences des cités d’insertion de Seine-Saint-Denis et du Nord ?Pourquoi, avec l’Union européenne , n’aiderait-elle pas la Roumanie et la Bulgarie à recenser ces populations , à scolariser les enfants ,à offrir des formations professionnelles aux adultes, à les aider à trouver du travail dans les entreprises françaises, allemandes et les autres installées dans ces pays ?
Il y a quelques années, avant l’entrée de la Roumanie dans l’Union européennes, j’ai été amené , avec mes collaborateurs , à accompagner des femmes et des enfants roms parqués dans les sous-sols de l’ancien centre de rétention de Bobigny. J’ai touché du doigt la grande misère d’un peuple exclu des nations européennes qui attendait une main tendue de la France. Pourquoi la France ? Pourquoi nous ? Parce que depuis plus de deux siècles, nous sommes un signe , une flamme, une espérance de liberté et de respect de l’homme et de ses droits. Soyons fidèles, au-delà de l’image, à nos convictions, à nos engagements. Dans “Des Hommes et des Dieux” , une femme algérienne dit aux moines:”Nous sommes des oiseaux sur la branche. Vous êtes la branche sur laquelle nous poser” Restons la branche sur laquelle peuvent se poser nos frères étrangers.
Merci Monsieur Pinte pour ce que vous avez écrit.