- « j’comprends rien à ton histoire et j’comprends pas pourquoi tu veux me filer ton
fric »
- « Comme je vous l’ai expliqué, je… »
- « Arrête, j’veux rien savoir, puisque t’as du fric, allons chez Monica, on mangera »
Mon mendiant de la Gare ne voulait rien entendre, ni mon histoire, ni qui j’étais, il était persuadé que j’étais un SDF, comme lui. Je décide de le suivre, j’avais faim.
Nous avons marché un petit quart d’heure et nous arrivons rue Haute, au numéro 118. En chemin, Jacques m’expliqua que Monica tenait une asbl « Nativitas », que dans sa Bicoque, elle y vendait des repas chauds, du café, des vêtements, on pouvaient y prendre une douche et même louer une serviette. J’ai d’abords répondu, que ce n’était pas ce qu’il y avait de plus honorable pour quelqu’un de vendre à des Sans-abri, mais Jacques m’a affirmé que c’était au contraire une très bonne idée de vendre, car il n’aimait pas trop qu’on lui donne.
Nous rentrons dans ce qu’on pourrait prendre pour une taverne, quelques tables, un comptoir au fond avec la cuisine.
- « Bonjour Jacquot, viens par ici ! »
Une dame, d’un age respectable nous accueille, nous fait asseoir à une table.
- « Bonjour Monica, on est les premiers » « Je te présente un ami, il revient de Zaventem »
Monica se tourne vers moi
- «Bonjour,
t’es de Bruxelles ? »
- «oui,
de Uccle »
- « Bien, bien, un petit café chacun et deux tartines, ça va Jacques ? »
Jacques fit signe que oui, je ne dis rien de plus mais Monica me fit signe et je m’approche
d’elle.
- « Tu peux prendre une douche si tu veux »
- « Merci, mais je le ferai chez moi, je ne faisais qu’accompagner
Jacques »
- « Tu sais, ici y pas de honte ni de pitié, c’est d’ailleurs pour ça que je fais payer, mais c’est symbolique
et si tu n’as pas de quoi régler, c’est pas grave »
Je lui montre mes pièces, toujours dans leur gobelet, et je me rends compte qu’en exhibant ce porte-monnaie, je m’enfonçais un peu plus dans le Sans-logisme. Un instant de silence s’installe, je retourne à table dévorer de la vraie nourriture, cela faisait si longtemps.
Il est à peu près 10h30 quand je sors de la Bicoque, le ventre bien rempli, j’y ai laissé mon compagnon d’un instant, j’y ai laissé une somme ridicule pour deux grands déjeuners. J’ai du mal à me remettre du mensonge que j’ai fait, mais est-ce le plus important ?
Cela fait plus de 24 heures maintenant que j’erre à travers la ville, je vais rentrer en tram gratuitement, j’ai laissé tout ce que j’avais à Jacques. Une fois chez moi, je dormirai, sans douche, trop crevé.
Dans le tram, un journal traîne, je le saisis, c’est la page des faits divers. Un titre : «A Washington, le roi des échecs est un SDF », l’article dit « …Il vit de son talent dans un square et dort sur les bancs publics », je me dis qu’il en avait de la chance de pouvoir dormir.
… à suivre, dés que je peux..