Plusieurs opérateurs de l'industrie solaire photovoltaïque française viennent de publier dans la presse une lettre ouverte adressée au Président de la République.
Voici une excellente initiative. On parle beaucoup du solaire ces derniers temps mais on parle souvent à la place des industriels qui en sont les acteurs.
Le message n'est nullement misérabiliste mais ambitieux et clair : la filière peut créer encore plus d'emplois, placer la France au premier rang mondial mais a besoin d'un cadre juridique, fiscal, économique clair et stable.
Etrangement, le droit est donc devenu un frein au développement de cette énergie renouvelable. Les juristes ont donc un rôle à jouer pour changer les choses. En effet, si les objectifs sont clairs, les moyens appellent un travail de précision pour que la règle du jeu ne change pas sans cesse. On remarquera d'ailleurs, à la lecture de cette lettre ouverte, que ce n'est pas tant la baisse des tarifs d'achat et des incitations fiscales qui est dénoncée que les conditions de cette baisse, par secousses.
A noter aussi : ces industriels entendent passer d'une situation où ils sont appelés à commenter des mauvaises nouvelles à une situation où, de manière pro active, ils souhaitent être force de propositions.
On notera aussi, au bas de la lettre l'annonce de la création d'une nouvelle structure de représentation et de défense de cette filière un peu secouée : l'"Industrie Photovoltaïque Française". Son objet : "défendre une filière française à part entière, sa recherche et ses emplois. L'IPF a pour mission de relayer le dynamisme des industriels - de la matière première au produit fini - et d'être la force de proposition meieure en France dans le domaine des énergies renouvelables à base de panneaux photovoltaïques."
Ci dessous, le texte de la lettre ouverte au Président de la République et la dépêche AFP.
Lettre ouverte à M. Nicolas Sarkozy, Président de la République, par l'Industrie Photovoltaïque Française
La filière photovoltaïque, vous l'avez voulue, nous l'avons faite.
Et maintenant, quel avenir?
Monsieur le Président,
En juin 2009, au Bourget-du-Lac, vous avez souhaité que la France devienne leader des énergies renouvelables au même titre qu'elle l'est dans le nucléaire. C'était un défi: la filière de l'industrie photovoltaïque l'a relevé avec dynamisme.
Depuis deux décennies, nos voisins allemands, avec un ensoleillement inférieur, ont su développer une filière photovoltaïque en s'appuyant sur un cadre réglementaire stable. Et nous? Depuis le Grenelle de l'environnement, une centaine d'entrepreneurs français ont engagé de grands programmes de recherche aux côtés de l'INES et du CEA, et investi fortement pour faire émerger à grande vitesse cette nouvelle filière industrielle prometteuse.
Aujourd'hui, notre fierté est réelle : présent dans toutes les reglons françaises, le secteur photovoltaïque français se développe au rythme d'un emploi nouveau toutes les trois heures!
Cette filière manque sans doute encore d'une vraie image. Le rapport Charpin a ouvert le débat et nous souhaitons le poursuivre. Et sur les questions de fond qui sont soulevées par ce rapport, nous souhaitons y répondre par trois affirmations fortes:
• Oui, nous serons de plus en plus exportateurs de notre savoir-faire français.
• Oui, nous allons multiplier les créations d'emplois en France, dans les secteurs de l'industrie, des PME et de l'artisanat.
• Oui, nous allons contribuer positivement à la balance commerciale de la France.
Le photovoltaïque français de 2020, avec 50000 emplois nouveaux, se construit dès maintenant, mais il peut aussi sortir de la route brutalement à force de coups de frein intempestifs et de brusques coups de volant. Le risque de destruction d'emplois est aujourd'hui bien réel.
Notre ambition est de faire de la France l'un des leaders industriels mondiaux du photovoltaïque, capable de devenir avant cinq ans une filière significativement exportatrice. Voilà une ambition réaliste, à condition que cette industrie française dispose d'un cadre de développement lisible et pérenne. Ce cadre est à fixer de façon urgente: Monsieur le Président, nous souhaiterions vous rencontrer pour vous faire part de propositions concrètes, au service de l'emploi et de l'innovation.
L'Industrie Photovoltaïque Française
Auversun, ECM Technologies, Emix, Fonroche Energie, Francewatts, KDG Energy, Mecosun, MPO Energy, Photowatt, SEMCO Engineering / Irysolar, Sillia Energie, SNA Solar, Solairedirect, Solarezo, Solbos/Solar Construct, Soprema, Systovi, Voltec Solar
Le 16 septembre 2010, une très grande majorité des industriels français de la filière photovoltaïque a décidé de façon collégiale de créer l'Industrie Photovoltaïque Française, pour défendre une filière française à part entière, sa recherche et ses emplois. L'IPF a pour mission de relayer le dynamisme des industriels - de la matière première au produit fini - et d'être la force de proposition meieure en France dans le domaine des énergies renouvelables à base de panneaux photovoltaïques.
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Des industriels du photovoltaïque adressent une lettre ouverte à Sarkozy
(AFP)
PARIS — Des industriels du photovoltaïque (fabrication de panneaux solaires) ont adressé jeudi une lettre ouverte au président Nicolas Sarkozy dans laquelle ils demandent un "cadre de développement lisible et pérenne" pour leur filière.
"Le photovoltaïque français de 2020, avec 50.000 emplois nouveaux, se construit dès maintenant, mais il peut aussi sortir de la route brutalement à force de coups de freins intempestifs et de brusques coups de volants", préviennent ces industriels, dans une lettre publiée dans Le Monde et Le Figaro.
"Le risque de destruction d'emplois est aujourd'hui bien réel", ajoutent-ils.
Les tarifs de rachat de l'électricité photovoltaïque ont été abaissés deux fois cette année, en janvier et septembre, afin, selon le gouvernement, "d'éviter les effets d'aubaine spéculatifs" résultant "de la diminution des coûts des équipements photovoltaïques".
Dans cette lettre, les industriels, parmi lesquels Fonroche Energie, Photowatt ou Solairedirect, demandent à rencontrer le président de la République pour lui "faire part de propositions concrètes".