A bien y réfléchir, il n'y a de bons ou de mauvais moments pour les rencontres. Tout au plus s'agit-il d'accidents de temps, axes transversaux dans la réalité de deux êtres, qui se croisent à cet instant T, précisément.
Oui, on ne choisit pas ces moments précis, dans nos vies, individus que nous sommes, empêtrés dans notre scotch et notre glue, tant occupés à soigner nos petites âmes fracturées. Et là, alors que nous étions si concentrés sur notre existence, oui, c'est juste là, que nous rencontrons la Belle Personne. Alors les mots manquent. Car La Belle Personne est cet être inclassable, apparue dans la brume de notre histoire et sa simple présence suffit à apaiser notre chronologie fêlée. Alors les phrases s'entrecroisent en tango échevelé et les syllabes se brisent dans les silences du tempo lancinant. Il n'y a pas de bons moments pour les rencontres, il n'y a, somme toute, que la sensualité de la découverte à perpépuité, le charme certain du temps qui passe à ses côtés et cette absurde et déroutante raison qui conduit à nous dire qu'assurément, ce n'est pas le bon moment. Alors la syntaxe s'emmêle et la ponctuation flotte, hésitante, bras ballants, dans un entre-deux en vacance.
Et La Belle Personne de disparaître dans la brume de notre histoire, on voudrait le prolonger cet instant-là et pourtant voilà déjà qu'elle part.
Distorsion de l'espace et l'on ramasse les morceaux de notre rencontre pour les mettre dans un joli mouchoir…