On connaissait déjà le mariage blanc. Voici venir maintenant le mariage gris. C'est ce que l'on découvre notamment ce matin en lisant le quotidien gratuit Metro : "Un mariage gris est, selon le gouvernement, conclu entre une personne de bonne foi résidant de façon régulière en France, abusée dans ses sentiments, et une personne dont l'objectif est d'obtenir un titre de séjour ou la nationalité française."
"Les députés ont voté mardi soir, dans le cadre du projet sur l'immigration, une mesure qui prévoit de punir l'étranger qui a contracté cette union intéressée de sept ans de prison et de 30.000 euros d'amende". Evidemment, cela ne concerne quasiment personne. La situation de la France est-elle donc si florissante qu'on puisse se permettre à gaspiller le précieux temps des députés à c e genre de texte, utile une fois tous les 36 du mois. Encore une fois, il s'agit de présupposés idéologiques, à mille lieues des besoins réels des Français, chômage, retraite, salaires, éducation, santé... j'en passe des chantiers sur lesquels il est urgent d'améliorer la situation !
Ce journal nous explique que ces unions font l'objet d'une enquête approfondie où l'on se permet de poser et où il est nécessaire de répondre à ces questions sous peine de refus :
- Date et circonstance de la rencontre
- Désignation du conjoint à l'origine de la décision du mariage
- Degré de connaissance de la langue et de la culture du conjoint
- Dates et lieux des séjours passés en commun (avec justificatifs s'il vous plaît !)
- Projets de vie conjugale
- Connaissance réciproque du conjoint...
Une seule question en parcourant cette liste : à quand le retour de l'Inquisition qui ferait brûler sur le bûcher les individus ne se conformant pas à cette règle ?
Interviewé, Nicolas Ferran, coordinateur national du mouvement des Amoureux au ban public, déclare notamment :
"Il règne autour des couples mixtes un climat de suspicion. Ces couples, lors du renouvellement des papiers du conjoint étranger, avant comme après le mariage, sont soumis à des contrôles réguliers. Cette police de l'amour lit leurs courriers, leur pose des questions sur leurs ressources, leurs loisirs, leur sexualité parfois..."
Il relève une des incongruités principales de cette démarche : "Les sentiments ne relèvent pas de l'Etat mais de l'intimité. Par ailleurs, il n'est pas marqué dans le code civil qu'on est obligé d'aimer pour se marier. Avec ce délit de mariage ris, on introduit dans le paysage juridique une notion qui n'a jamais existé, qui est celle de l'amour dans le mariage." Eh oui, poussons la logique jusqu'au bout. Car suivant le principe d'égalité, la réciproque est vraie : si deux personnes s'aiment, elles ont droit au mariage, fussent-elles homosexuelles. Elémentaire, mon cher Watson !