Bien avant les archéologues ou les conservateurs de musées les antiquaires des XVIIe et XVIIIe siècles ont rassemblé dans d’imposants recueils des images de l’art antique. A l’époque où les musées n’existaient pas où l’on ne faisait pas encore de fouilles ces « musées de papier » permettaient au public de se faire une idée des formes d’art anciennes.
Cette exposition, réalisée avec le concours de la Bibliothèque nationale de France présente une sélection de livres publiés entre 1600 et 1800 des tableaux et des répliques d’antiques.
Cassiano dal Pozzo (1588-1657) est un érudit qui rassemble une célèbre collection de reproductions d’œuvres antiques. En 1627 il reproduit minutieusement une mosaïque romaine installée entre 1624 et 1626 au palais Barberini à Rome représentant le Nil. En 1719 Bernard de Monfaucon publie « L’antiquité expliquée et représentée en figures » qui est alors le plus grand « musée de papier » jamais imprimé. Je ne résiste pas au plaisir de vous citer un extrait du texte en reprenant le style de l’époque : « La plupart des dieux Egyptiens & furtout Isis étoient autant honorez à Rome que toute autre divinité ». La reconstitution du cabinet de travail d’un antiquaire nous montre les fameux « musées de papier » mais aussi une « Dactyliothèque », sous la forme d’un épais ouvrage il s’agit en fait de compartiments à tiroirs abritant des empreintes de pierres gravées antiques. Sous forme de clin d’œil la reconstitution est accompagnée du « singe antiquaire » peint par Chardin en 1726 on y voit un singe en robe de chambre qui examine des médailles, regard ironique du peintre sur les collectionneurs.
Herculanum et de Pompéï, deux villes romaines englouties par les cendres d’une éruption du Vésuve, commencent à être fouillées en 1738. Les découvertes suscitent la curiosité de toute l’Europe. A cette époque que des voyageurs commencent à parcourir les rives de la méditerranée pour répertorier et dessiner les monuments antiques. En 1751 les architectes James Stuart et Nicholas Revett partent pour la Grèce avec le soutien d’une société savante. Sur place ils élaborent une description exacte des vestiges d’Athènes publiée à leur retour sous le titre « Antiquities of Athens ». Ces travaux ont ainsi préparé la naissance de deux disciplines modernes : l’histoire de l’art et l’archéologie.
L’exposition dure jusqu’au 3 janvier 2011 au 1er étage de l’aile Sully, salle de la Chapelle.