Au début du XXe siècle, dans un quartier populaire du 15e arrondissement, un enfant de dix ans lit en cachette les livres, revues et journaux de son père, militant de la CGT, bientôt cloué au lit puis hospitalisé des suites d’un accident professionnel. Spectateur trop jeune encore des grèves comme des scènes de misère populaire et d’égoïsme bourgeois, il ne souhaite pas rester longtemps le témoin impuissant des problèmes financiers de sa mère avec trois bouches à nourrir, devenue veuve, frappée à son tour par la maladie : il quitte l’école pour être embauché comme « homme » à tout faire chez un pharmacien.
Publié pour la première fois en 1935, le titre de ce roman autobiographique est tiré du refrain de l’Internationale. On y retrouve l'ambiance d'un quartier populaire parisien au XIXe siècle, son franc-parler, ses petites joies et ses drames, ses cours misérables, les difficultés rencontrées par les hommes et femmes du peuple, et puis surtout les injustices, les inégalités sociales qui poussent parfois ces gens habitués au pire à se serrer davantage encore la ceinture en faisant la grève, dans de rares sursauts de lucidité et d'indignation. De ses souvenirs Henry Poulaille a composé un vrai drame social, sur les traces de Zola.
POULAILLE, Henry. – Les damnés de la terre. – Pantin : les bons caractères, 2007. – 445 p.. – ISBN 978-2-915727-12-6 : 19 €.