Florence de la GUERIVIERE
Quatrième de couverture
Trente ans de création, trente ans d'internement : c'est en ces termes lapidaires qu'on résume généralement la biographie de Camille Claudel. Et si Camille Claudel, au cours de cette longue séquestration, avait pu quitter son asile, ne serait-ce que quelques jours... Qu'aurait-elle fait de sa liberté retrouvée ? Hiver 1917. Camille Claudel est autorisée à quitter l'asile de MontdeverguesMontdevergues, où elle est internée depuis quatre ans. Retour à Paris, en pleine guerre : où aller ? Chez Rodin, le « maître » et amant auquel elle a si longtemps prêté sa main, et qui lui a toujours refusé la sienne ? Chez sa mère, à Villeneuve, sous les obus, avec l'espoir fou de terminer ses jours dans le paradis perdu de son enfance ? Sur la base de recherches rigoureuses, La main de Rodin ouvre un passage inédit dans la connaissance de Camille Claudel, exploitant la fiction romanesque pour éclairer autrement le fil tragique de son histoire.
Voici un livre dont on a peu parlé et qui pourtant le mériterait, à plus d'un titre ! Histoire passionnante tout d'abord que celle-ci. L'auteur part du postulat que Camille Claudel aurait pu être libérée pendant quelques jours de l'asile d'aliénés dans lequel elle a passé 30 ans de sa vie. Elle offre à Camille la possibilité de se racheter, de réparer ses erreurs, les dérives de son comportement si étrange qui a conduit à son internement, et peut-être de retrouver une certaine liberté, du moins la liberté de penser comme une personne saine d'esprit pendant quelques heures...
Si Camille avait pu réellement sortir, quelles auraient été ses pensées, ses gestes, vers quelles personnes se serait-elle tournée pour demander de l'aide ou bien pour exiger réparation ? Un livre que vous ne pourrez pas lâcher avant la fin tant cette parenthèse dans la vie de cette artiste géniale mais si tourmentée et incomprise est captivante. Car ici, non seulement l'écriture est superbe, vraiment, mais on sent passionnément à travers les mots de l'auteur tous les tourments de l'artiste, tous ses égarements, ses raisonnements logiques ou tordus, ses espoirs, ses angoisses. On espère de tout coeur que le corps médical se soit trompé, et qu'elle arrive à surmonter ses démons pour prouver au monde, et à elle-même, qu'elle est capable de réintégrer une vie normale, on y croit même... On se prend à rêver d'une Camille apaisée, en paix avec le monde, sereine, reprenant le modelage, la création qui a gouverné toute sa vie et les oeuvres sublimes qu'elle nous a légué, on voudrait que cette Camille-là soit la vraie...
Le roman est documenté avec précision et cette échappée de Camille Claudel s'inscrit donc parfaitement dans l'ordre des faits qui auraient pu avoir lieu. Les sentiments de Camille, ceux de Rodin et des gens qui les entourent sont transcris avec autant de précision que d'amour, et d'espoir. Et si ? Oui, si cela avait été possible ? Mais justement, ce roman est si bien intégré dans la vie et dans la personnalité de Camille, la psychologie de l'artiste est si bien disséquée, sa maladie et ses répercussions si bien analysées que l'on se doute bien que ce "si" restera malgré tout notre espoir totalement impossible...
Un livre que je vous recommande ! Il donne envie de lire ou relire les biographies de Camille Claudel ou celles de Rodin, et de retourner bien vite faire une petite visite au musée Rodin !
A lire :Une femme de Anne Delbée,
Camille et Paul : La passion Claudel de Dominique Bona
Ainsi qu'une interview très intéressante de l'auteur sur Figures de style.
et à voir ou revoir :
Camille Claudel, interprété par Isabelle Adjani
Un grand merci, chère Anne-Hélène, pour le prêt de ce roman !