… suite de «quand je serai SDF »…
6h00, je suis à nouveau Gare du Midi, j’en sors et je me dirige pour prendre un taxi, je rentre
chez moi, Sans-abri c’est pas un job pour moi, le plus tard possible.
- « Bonjour, je vais à Uccle, rue … » j’avais pas ni fini de monter dans le taxi, ni terminer
ma phrase que le chauffeur me réponds
- «
Eh, le clodo, tu pues, dégage de mon taxi ! J’suis pas l’abbé Pierre ! » Le cri m’a éjecté dehors, je reste un instant ébahi. Comment je pue ? La célèbre
odeur de pipi qui règne autour de la gare a pénétrée dans son taxi et il a cru que c’était moi. Non mais ! Je lui crie à mon tour
- « Moi aussi je sens le pipi ! Et puis je sais bien que vous n’êtes pas Abbé et je ne
m’appelle pas Pierre ! ». Quelle familiarité, je me dirige calmement vers un autre taxi, quand je vois le premier chauffeur sortir de son auto en me demandant de répéter ce que
j’avais dis. La marche calme s’est transformée en sprint, car j’avais bien compris qu’il n’était pas malentendant, puisqu’il ne portait pas d’appareil auditif.
Je me réfugie à l’intérieur de la Gare, et c’est à ce moment que je ressens une chaleur, La Chaleur. Avec toutes ces sprints, je n’avais pas remarqué qu’il faisait froid dehors, un froid à geler un homme s’il restait une nuit dehors. C’était bon cette chaleur, et puis le parfum de café mélangé à … c’est quoi cette odeur… sans doute les effluves de l’extérieur… Je m’assieds un moment sur un banc, un peu, beaucoup fatigué.
Si j’avais su que je passerai une nuit pareil, j’aurai suivi le conseil du Ministre Smet, j’aurai pris une chambre au Hilton. J’ai entendu dire que le 17 octobre dernier, des SDF ont été logés au Hilton de Bruxelles, au frais de l’Etat, le ministre et une élue d’Anvers ont voulus ainsi montrer leur solidarité pour la journée mondiale de lutte contre la pauvreté, en leur offrant une nuit à l’hôtel et ……heuu…mais non, je me souviens maintenant, c’est pas ça ! C’est un Collectif de SDF qui se sont présentés à l’Hôtel Hilton, pour y passer une nuit et ils ont demandé d’envoyer la facture au ministre, qui quelques jours auparavant a affirmé que ce serait sans doute moins cher de loger les sans-abri dans un hôtel de luxe. Je ne me souviens plus si le groom les a accompagnés jusque dans leur chambre ou jusqu’au trottoir.
Bon, j’en ai marre de ce test grandeur nature, je vais rentrer chez moi. Je me lève de mon banc quand je remarque un gobelet de coca près de mes pieds, il est rempli de pièces ! Ca c’est quand même le comble, quand je fais la manche, personne ne me donne, et quand je m’assis quelques minutes pour réfléchir, je me retrouve avec un gobelet qui traînait là plein de pièces. Je le ramasse, bien décidé d’en faire profiter le premier mendiant que je croiserai.
Il ne m’a pas fallut longtemps, pour rencontrer mon homme, un visage souriant et qui marche vers
les gens en disant : « pour manger, m’sieurs dames ! »
...à suivre