Énée dans l'Énéïde de Virgile, rapporte les paroles de Laocoon, prêtre d'Apollon à Troie, à la vue du cheval que les Grecs ont laissé après leur départ : timeo danaos et dona ferentes. Je crains les Grecs, même lorsqu'ils me font des cadeaux.
C'est par cette formule judicieusement choisie que le blog du Parisien Libéral met en garde l'Europe contre les cadeaux potentiellement empoisonnés du régime chinois.
Il observe que les pays en quasi-cessation de paiement qui ont accepté des aides de voisins "altruistes" ont infléchi curieusement, comme par hasard, leur diplomatie par la suite. Parisien Libéral cite notamment l'Islande avec la Russie, sur la question de l'Arctique, ou mieux encore, dans le domaine militaire avec la proposition de former des pilotes russes sur une ancienne base américaine.
Si je n'agrée pas le discours final de l'auteur de l'article qui invite à chasser la Grèce de l'Europe en raison de ses fraudes, en revanche, je le rejoins tout à fait pour juger que l'Europe doit être indépendante face aux fonds souverains intéressés par ses soucis budgétaires...
Si les Chinois aident les Grecs au moment où ils ont dans la difficulté, ces derniers leur seront reconnaissants pour longtemps, même si cette aide est clairement intéressée. Quand vous crevez la bouche ouverte, même si celui qui vous sauve vous demande un service après, vous êtes bien content qu'il vous ait sauvé.
Il est déplorable que l'Europe ne soit pas en état d'aider les siens en priorité. La Chine rassure les marchés quand elle achète des emprunts d'État grecs, ou plus exactement, qu'elle est prête à le faire, tandis que nous Européens, les inquiétons quand au contraire nous hésitons sur la solidarité nécessaire. Solidarité qui n'exclut évidemment pas une sévère mise sous tutelle quand abus il y a.
La proposition de virer la Grèce est la pire de toutes : c'est ouvrir en grand les portes de la nation hellène aux Chinois. C'est une faute éthique et un erreur diplomatique et stratégique majeure que de raisonner ainsi.
Pauvre Europe : où en es-tu réduite, incapable de sauver l'un des tiens que tu es...