Entre avril et décembre 1942, plusieurs milliers de soldats français furent internés dans un camp à l’ouest de l’Ukraine. Ils y subirent le froid, les privations et les exactions. Leur histoire, aujourd’hui, reste très mal connue du grand public, comme cela a été rappelé lors de l’assemblée générale de leur association le 11 septembre dernier. Reportage sur « Ceux de Rawa Ruska ».
L’Histoire ne conserve pas toujours pieusement le nom de ses acteurs. « Ceux de Rawa Ruska » en savent quelque chose. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 267. 267 sur ces milliers de soldats français qui durent affronter le froid, les privations et les exactions du troisième Reich, dans ce camp à l’ouest de l’Ukraine, entre avril et décembre 1942. « On ne sait même pas exactement combien nous étions » note Gilbert Bellegarde, l’un de ces derniers anciens. « Il est impossible de l’évaluer. Généralement, on estime que c’était entre vingt mille et vingt-cinq mille. »
Impossible également de savoir combien ne sont pas revenus. Très peu de ceux qui se sont penchés sur la déportation se sont arrêtés sur ces prisonniers-là. Aucun ouvrage historique ne leur est consacré. Sans doute en premier lieu parce que leur statut n’est pas clair. Il se glisse quelque part entre celui de déportés et celui d’internés résistants.
« Quand on fait une conférence, ou quand on discute de ce sujet, il nous est souvent demandé si Rawa Ruska était un stalag » note, dépitée, Françoise Mazeron. Fille de Félix Blondeau, un prisonnier du camp ukrainien, et représentante de l’association de « Ceux de Rawa Ruska » en Haute-Marne, elle se désole que ces anciens soldats ne soit pas davantage connus du grand public. « Pendant longtemps, on leur a refusé le titre de déportés » explique-t-elle. « Parce qu’ils venaient d’Allemagne, et non de France, quand ils ont été envoyés à Rawa Ruska. Et parce qu’ils étaient militaires, et que leurs actes de résistance paraissaient donc plus « normaux » que ceux de civils. »
Ceux que la mémoire officielle n’a pas inscrits au rang des déportés sont surtout des oubliés de la mémoire collective. L’Histoire est injustement sélective… Retour en 1940. Le troisième Reich a contourné la ligne Maginot et fait plier l’armée française, dont cent mille soldats sont tués durant les batailles et la débâcle. Des milliers d’autres sont faits prisonniers et envoyés dans les stalags allemands. La terrible épopée de « ceux de Rawa Ruska » trouve là ses origines.
« Mater » les « fortes têtes »
Parmi les prisonniers, il en est qui refusent d’effectuer le travail qu’on veut leur imposer. Ces soldats, dont beaucoup confieront par la suite leur rage d’avoir été trahis par une hiérarchie indécise, refusent de soutenir l’effort de guerre ennemi. Certains pratiquent le sabotage. D’autres organisent des réunions politiques au sein des stalags, y pratiquent une résistance active, ou multiplient les tentatives d’évasion. Maurice Pepe est de ceux-là. Natif du Russey, dans le Haut-Doubs, il est fait prisonnier le 16 juin 1940 du côté de Marckolsheim. « Les Allemands m’ont fait traverser le Rhin avec d’autres soldats » se souvient-t-il. « Nous étions 23 ou 24. La plupart des soldats qui m’accompagnaient avaient mon âge, environ 20 ans. »
Successivement affecté dans plusieurs villes d’Allemagne, dans des fermes ou des usines, il rechigne à travailler, et va jusqu’à se battre contre un paysan qui l’employait, quitte à récolter un mois de prison dans l’affaire. Surtout, cinq fois, Maurice Pepe tente de s’évader et de rejoindre la France. « Un prisonnier cherche sa liberté, c’est normal… Aujourd’hui encore, quand j’entends qu’un prisonnier de droit commun s’est évadé, mon premier réflexe, c’est toujours un mouvement de sympathie pour lui ! » Mais l’opération, en plein territoire ennemi, n’a rien d’aisé. Elle nécessite de l’argent, des vivres, des vêtements civils, une bonne maîtrise de l’Allemand… et beaucoup de chance. Les tentatives de Maurice Pepe échouent : le jeune rebelle est repris chaque fois au bout de quelques jours.
En mars 1942, le Reich se lasse des « fortes têtes » comme lui. Dans les stalags, des affiches sont placardées, annonçant que « S’évader n’est plus un sport ». Peine perdue : de nombreuses « têtes de lard », toutes sensibilités politiques confondues, tout simplement éprises de liberté, s’obstinent à ne pas se plier à la discipline allemande et à fausser compagnie à leurs geôliers. La sanction finit par tomber. Pour des raisons peu claires –le Reich n’a t-il pas osé ?- les prisonniers français récalcitrants ne sont pas internés dans les camps de concentration ou d’extermination déjà ouverts en Allemagne et en Pologne. Leur destination, c’est la ville ukrainienne de Rawa Ruska, proche de la frontière polonaise. « L’Allemagne veut se débarrasser de ces prisonniers » explique Jean Artoux, président de l’association nationale de Rawa Ruska. « Mais là, ce sont des militaires, pas des civils. On ne peut pas les envoyer en camp de concentration. » Pour autant, dans le secteur de Rawa Ruska, la convention de Genève qui garantit à tout prisonnier de guerre un minimum de protection ne s’applique pas. Le camp, du reste, est situé en plein cœur du « triangle de la mort », Belzec n’étant qu’à quelques dizaines de kilomètres.
Des wagons à bestiaux pour aller en Ukraine
Le premier convoi de prisonniers français en partance pour Rawa Ruska quitte l’Allemagne en avril 1942. Maurice Pepe fait partie du second, en mai : « Nous avons été transportés en train, dans des wagons à bestiaux. Nous étions environ 80 par wagon. Le train s’est souvent arrêté pour laisser passer des convois militaires, mais nous n’avons pu sortir qu’une fois, en Pologne. » Entassés les uns contre les autres, les hommes ne mangent pas, boivent peu –certains, leur urine- et font leurs besoins devant leurs camarades.
Au bout de dix jours, c’est l’arrivée au « stalag 325 ». 10 000 hommes y sont progressivement entassés, tandis que les autres sont répartis dans les kommandos et tous les sous-camps des alentours dépendant de Rawa Ruska. Le camp n’a rien pour recevoir les prisonniers, sinon des blocs de baraquement, des miradors, une clôture de quatre mètres de haut et des barbelés. Deux rangées d’écurie ont été transformées en dortoirs. Les hommes dorment sans couverture, à même la terre battue ou sur des estrades de bois superposées, quand la température descend de -20 à -30 durant les mois d’hiver. Les latrines sont des fosses à ciel ouvert.
Dans les premiers temps, jusqu’au mois de juillet, le camp est placé sous les ordres du capitaine Fournier, un Allemand descendant de Français. Dans son travail de synthèse sur Rawa Ruska, Alain Haeuw, membre de la section Belgique Nord Pas de Calais, note que l’officier accueille les prisonniers en ces termes : « Vous venez ici pour mourir, nous disposons d’un grand cimetière. Il y aura de la place pour tout le monde. » Les premiers arrivés parmi les Français sont forcés de transporter dans une charrette des dizaines de cadavres de prisonniers russes en décomposition. Dans ce camp, initialement prison allemande pour les soldats de l’armée rouge, environ 18 000 Soviétiques auraient péris avant l’arrivée des Français, à la suite de l’opération « Barbarossa », l’invasion de l’URSS par l’Allemagne.
« Le camp de la goutte d’eau et de la mort lente »
Les tentatives d’évasion sont punies de mort. Mais ce qui tue surtout, ce sont les privations. Chaque jour, les hommes n’ont droit qu’à une tasse d’eau de sapin, une tisane concoctée à l’aide des arbres des alentours. Le camp ne compte qu’un seul robinet, devant lequel les files d’attente s’allongent, interminables. Churchill parlera, à propos de Rawa Ruska, du « camp de la goutte d’eau et de la mort lente ». « Au départ, nous n’avions même rien pour recevoir l’eau qu’on nous donnait » se souvient Maurice Pepe. « J’ai dû trouver un morceau de tuile avec une alvéole pour faire office de récipient. »
Quant à la nourriture, elle se réduit à quelques grammes de pain et une infime portion de soupe de pois cassés chaque jour, qu’il faut économiser. « J’essayais de tenir un peu plus longtemps avant de prendre un morceau de pain dans ma poche. » Rapidement, les hommes en viennent à se nourrir d’herbe. A tel point que celle-ci finit par manquer : « Il n’y en avait plus à l’intérieur du camp » se rappelle Maurice Pepe. Les colis n’arrivent que très rarement. La Croix rouge n’a accès au camp qu’une seule fois durant l’année 1942. Elle dresse un rapport accablant des conditions de vie au sein du camp.
Il n’est pas possible de se laver. Les poux et autres parasites dévorent les prisonniers. Quant aux soins, ils sont presque inexistants. Une infirmerie est bien mise en place par quelques médecins parmi les prisonniers, mais ceux-ci ne disposent d’aucun médicament ou presque. Mal traitées, les écorchures et les maladies ont des conséquences souvent dramatiques. « Un jour, j’ai été pris de dysenterie » raconte Maurice Pepe. « J’ai été voir un prisonnier médecin. Il n’avait rien pour me soigner, il m’a fait un lavement à l’eau froide. Ensuite, je suis resté deux jours sans rien avaler. Et c’est passé… »
Difficile, pour lui, d’entretenir un esprit de camaraderie dans ces conditions. Certains témoignages de prisonniers évoquent une certaine entraide à Rawa Ruska, des réunions d’hommes aux sensibilités politiques proches ou aux origines géographiques communes. Maurice Pepe ne s’étend pas sur le sujet. Tout juste évoque-t-il « des gars désignés pour faire la police » et une réunion, une fois, avec des gens de Franche-Comté. « J’ai eu peu de rapport avec les autres prisonniers, peu de conversation. Parler, quand on est faible, représente déjà un très gros effort. » De même, il ne se rappelle pas de quelconques relations avec les Allemands et les Ukrainiens présents sur place.
« On marchait dans les rues en évitant les cadavres »
Malgré leur état de faiblesse, des prisonniers sont réquisitionnés pour « les corvées » après l’appel, effectué vers cinq heures du matin. Selon Alain Haeuw, qui cite les témoignages de prisonniers, il s’agit de « décharger les betteraves ou l’avoine, construire des cabanes pour les juifs et les punis, des routes ou travaux de remblai permettant de franchir la plaine de Russie, pousser à la main des wagonnets remplis de caillasse, couper du bois en forêt, casser des cailloux, charger et décharger les wagons ». Le travail, épuisant, est cependant apprécié de certains prisonniers qui y voient l’occasion d’obtenir un peu de nourriture supplémentaire, ou d’en dénicher en dehors du camp.
Certains travaux laissent aux hommes de douloureux souvenirs. Certains sont ainsi forcés de briser des pierres tombales dans des cimetières juifs, notamment à Stryj et à Tarnopol, des sous-camps de Rawa Ruska. La pierre récupérée est ensuite utilisée pour la construction de routes. Surtout, dans ce secteur, les Nazis pratiquent la Shoah par balles, comme l’explique le Père Patrick Desbois, petit-fils d’un interné à Rawa Ruska, dans son ouvrage Porteur de Mémoire. Le bois tout proche est rempli d’ossements humains. Les « trains de la mort » en route vers Belzec transitent par la gare de Rawa Ruska, toute proche du camp. « On entendait tirer » raconte Maurice Pepe. « Et le lendemain, en allant en corvée, on marchait dans les rues [du ghetto de] Rawa Ruska en évitant les cadavres. » D’autres témoignages parlent de « morts pendus ». Les prisonniers, sans être soumis à l’élimination systématique, sont eux-mêmes victimes d’exactions. Des témoignages racontent notamment la mort de deux hommes, abattus par une sentinelle dans l’enceinte du sous-camp de Sryj, où se trouve Maurice Pepe.
Les menaces et les conditions de vie n’empêchent pas quelques coups d’éclat de la part des prisonniers. Le 14 juillet, certains d’entre eux organisent un défilé avec un drapeau tricolore improvisé. D’autres parviennent à réaliser un journal, « Envol », et même à organiser une bibliothèque à l’intérieur du camp.
Le retour et l’oubli
En décembre 1942, les prisonniers français commencent à être rapatriés vers l’ouest. La plupart d’entre eux quittent le camp en train avant la fin du mois de janvier 1943 et se retrouvent de nouveau dans les stalags qu’ils ont connus au début de leur captivité. Pourquoi la fermeture du camp ? Président de l’association « Ceux de Rawa Ruska » Bourgogne Franche-Comté, Philippe Cholet rappelle le contexte de l’époque : la modification de la « donne » militaire en Afrique du Nord, où de nombreux soldats de l’Afrika Korps ont été faits prisonniers à la suite de la défaite du général Rommel, et surtout les mouvements de l’armée soviétique à l’est… à commencer par la bataille de Stalingrad. Conserver des Français à proximité du front de l’est devient dangereux pour l’Allemagne. A ce jour toutefois, les véritables raisons de la fin de Rawa Ruska restent obscures. Il est possible que ce revirement allemand ait été salvateur pour les prisonniers. En 1945, le lieutenant-colonel Borck, responsable de Rawa Ruska, fait parvenir une lettre au procureur du tribunal de Nuremberg, peu avant son exécution. Il y écrit : « Rawa Ruska restera mon œuvre, j’en revendique hautement la création, et si j’avais eu le temps de la parachever, aucun Français n’en serait sorti vivant. »
Pour les hommes, ce retour vers l’Allemagne n’est pas forcément simple. La plupart sont très affaiblis. Maurice Pepe affirme ainsi n’avoir que des souvenirs très diffus de son départ du camp. Certains de ces soldats de retour de l’est deviennent les « bêtes noires » des gardiens des stalags, mais aussi des autres prisonniers, qui voient d’un mauvais œil le renforcement de la garde et les privations causées par l’arrivée de ces « fortes têtes ». A la Libération, ceux de Rawa Ruska sont de retour dans une France qui préfère jeter un voile d’oubli sur les aspects les plus sombres de son occupation. L’heure n’est pas à réclamer sa part dans la mémoire collective. L’association de Rawa Ruska, et ses déclinaisons locales qui naissent un peu partout en France peu de temps après l’armistice, demeure dans une large mesure inconnue du grand public.
Ne reste que la conscience d’un oubli douloureux pour ces hommes, inacceptable pour Philippe Cholet : « Ils ont résisté à ce qu’on voulait leur imposer, ils ont subi les exactions nazies à Rawa Ruska pour cela, et ils n’ont jamais eu droit à aucune reconnaissance. Souvent, ils ont même l’image de soldats qui ont passé la guerre à prendre du bon temps dans les fermes allemandes. » La presse, elle aussi, ignore les soldats de Rawa Ruska. Le dossier « 1940-1945 : vivre sous l’occupation », publié par L’Est Républicain, Vosges-Matin, les Dernières Nouvelles d’Alsace et Le Journal de la Haute-Marne ne fait pas état de leur existence… pas même dans son article « Vivre dans les stalags » (page 37).
Les nouvelles générations portent la mémoire de Rawa Ruska
« Après la guerre, l’Assemblée nationale a voté sur la question des camps » explique Pascal Facque, président de l’association « Ceux de Rawa Ruska » Nord Pas de Calais Belgique, et fils d’un prisonnier du camp ukrainien. « Une liste a établi quels étaient les camps de concentration. Rawa Ruska n’en fait pas partie. » Ce qui explique, selon certains membres de l’association, cet oubli poignant depuis 70 ans dans la mémoire collective : les déportés et les victimes de la Shoah ont davantage obtenu reconnaissance que ces prisonniers-là. Du reste, ceux qui sont revenus de Rawa Ruska n’ont pas tous tenus à ce statut de déporté, acceptant celui d’interné résistant. « Mon père préférait ce terme » précise Pascal Facque. « Mais la reconnaissance du public se fait sur l’appellation « déporté » pour le moment. Peut-être que les choses auront changé d’ici une dizaine d’années. »
Pour Jean Artoux, dont le père se trouvait à Rawa Ruska, ce camp « n’était pas Auschwitz » : « On les matait, mais on ne les exterminait pas. » Il ajoute aussitôt que cela ne justifie pas l’absence de reconnaissance : « Ils ont représenté la Résistance derrière les barbelés. C’est un concept qui n’a jamais été mis en valeur, et qui ne dispose pas de figure emblématique comme De Gaulle. Evidemment, la Shoah doit avoir la place qui lui revient dans la mémoire collective, nous n’avons absolument rien contre cela. Mais j’observe qu’il n’y a plus de place pour les militaires français oubliés à Rawa Ruska. Il n’y a rien dans les musées, ou au mémorial de Caen. L’association est connue dans les hautes sphères et reconnue par l’armée, mais pas sur le terrain. Si cela continue comme ça, on se demandera même s’ils ont existé. »
Il remarque cependant que les anciens du camp, les premiers concernés, n’ont pas forcément crié pour se faire entendre après la guerre : « Mon père n’a pas parlé à son retour. » Peu semblent l’avoir fait. Les témoignages n’ont de toute évidence pas été légions. Aujourd’hui, le souvenir est surtout porté par les veuves, les enfants et les petits-enfants, au sein d’une association qui compte environ 1780 membres, dont 757 veuves, 727 descendants et 29 sympathisants. Beaucoup d’entre aux, y compris des jeunes, se penchent à présent sur l’histoire familiale. Ils souhaitent connaître le destin de leur père ou leur grand-père, en fouillant méthodiquement le passé, en recherchant avec obstination des traces de ce camp qui en a laissées si peu. C’est là, sans doute, la chance de cette association. Car cette opiniâtreté a contribué à réveiller la mémoire endormie. En 2005, un voyage a été organisé en Ukraine. Un autre est projeté en 2012. Philippe Cholet promeut l’idée que soit commémorée, 70 ans après, l’arrivée du premier convoi, en avril 2012. Des démarches ont été engagées, notamment auprès du musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon, pour qu’un travail historique soit mené sur Rawa Ruska.
Lors de la dernière assemblée générale de l’association, le 11 septembre dernier à l’hôtel de ville de Paris, certains descendants ont pesé de tout leur poids pour que « l’Union nationale des déportés de Rawa Ruska » devienne « Ceux de Rawa Ruska ». Ce qui a été approuvé. Ce terme plus global donne davantage de latitude au sein l’association à ceux qui n’ont pas connu le camp, et qui représentent désormais l’immense majorité. Il leur revient de porter la mémoire de leurs pères. Peu avant l’été 2010, le président Jean-Marc Frébour, interné à Rawa Ruska, s’est éteint. Une page se tourne, mais « Ceux de Rawa » l’ont promis : ils n’oublient pas. Pour Philippe Cholet, la chose est sans doute encore plus importante pour ceux qui restent que pour ceux qui s’en sont allés. Il rappelle ce roman de Laurent Binet, HHhH, qui raconte l’opération des exécuteurs du chef de la Gestapo Reinhard Heydrich à Prague en 1942, et surtout cette citation extraite du livre : « Ceux qui sont morts sont morts, et il leur est bien égal qu’on leur rende hommage. Mais c’est pour vous, les vivants, que cela signifie quelque chose. La mémoire n’est d’aucune utilité à ceux qu’elle honore, mais elle sert à celui qui s’en sert. Avec elle, je me construis, et avec elle, je me console. »
Pour en savoir plus : le site internet de « Ceux de Rawa Ruska »
Et aussi: un complément d’informations sur Herodote.net à propos de Rawa Ruska
Crédit photo : association « Ceux de Rawa Ruska »