Trois ans après leur remarqué mais assez confidentiel "Yellow House" signé chez Warp en 2006, un album folk/rock très séduisant qui leur ouvrira les portes de la scène internationale et leur permettra de faire la première partie de Radiohead, Feist, ou Tv On The Radio, Grizzly Bear, groupe américain comprenant Daniel Rossen (chant, guitare, claviers), Edward Droste (chant, guitare, claviers), Chris Taylor (basse, choeurs, production), et Christopher Bear (batterie, choeurs), nous est revenu en 2009 avec ce très attendu "Veckatimest". Une longue gestation et un accouchement tardif qui en fera patienter beaucoup. L'attente à été longue, mais tous ces efforts ne seront pas vains et seront vite récompensés par les auditeurs, fiévreux et attentifs à l'approche de cette nouvelle naissance synonyme pour eux de grandes espérances et de belles heures passées à son écoute. L'histoire le confirmera. En plus d'un an le petit a fait du chemin et s'est déjà distingué de bien belle manière auprès du public et des médias. Les français se souviennent forcément de cette mélodie entêtante qu'un constructeur automobile aura choisi pour une campagne de pub télé ("Two Weeks", en écoute dans le lecteur). Il faut dire que le groupe a su préparer cet événement sans pression en prennant son temps pour peser toutes décisions ou choix relatifs à ce nouvel album. En parents responsables soucieux de faire du bon travail, Grizzly Bear privilégie un environnement sain et familial pour enfanter ce "Veckatimest".
Ils enregistrent le disque en 6 mois dans 3 endroits distincts. Tout d'abord dans la maison Glen Tonche près de New York. Cet hôtel fondé par la famille Pitcaim, magnifique et haut perché, a vu passer depuis sa création en 1928 de nombreux artistes tels que Norah Jones ou David Bowie. Il faut dire que le lieu est vraiment idéal pour qui cherche à se ressourcer. Très cosy et perdu au milieu de la forêt, on comprend vite l'engouement du groupe pour ce hâvre de paix (photos du site). C'est dans ce domaine que la majeure partie de l'album sera écrit. Ils vont ensuite passer quelques temps à Cape Cod chez la grand-mère de E.Droste où ils peaufinent les mélodies et les arrangements des titres écrits à Glen Tonche avant de retourner à Brooklyn, d'où ils sont originaires, et de s'enfermer dans une église pour terminer l'écriture des nouveaux morceaux. Pour l'anecdote, le titre du disque porte le nom d'une petite île près de Cape Cod. Un bout de terre que le quartet a parcouru et qui l'aura beaucoup inspiré. Un dernier envol, cette fois-ci vers l'Angleterre, afin de faire bosser Gareth Jones sur le mix (Interpol - Liars), et C.Taylor rentre chez lui avec entre les mains un des disques les plus réussis de l'année 2009.
Plus accessible que son petit frère, en raison notamment de structures moins chaotiques et d'une ligne pop plus marquée, "Veckatimest" garde la finesse et la magnifique orchestration propres au groupe. Très harmonieux et bourré d'arrangements subtils, ce disque nécessitera surement plusieurs écoutes avant que vous ne soyez tout à fait conquis par le son et l'univers très personnel qu'il propose (après plusieurs dizaines d'écoutes je continue d'y découvrir des éléments nouveaux). Dense et délicate, cette deuxième sortie studio des américains s'impose aussi par le dépouillement dont elle peut faire preuve à certains moments ("All We Ask"), laissant alors l'oreille baigner dans la simplicité de quelques accords chatoyants aux harmonies vocales exigeantes. Album chaleureux, accessible mais sans compromis dans son engagement mélodique, "Veckatimest" révèle toutes ses qualités à force d'usure tout en se targuant d'un charme indéniable immédiat. Un disque qui se bonifie avec le temps à consommer sans modération si l'on souhaite en savourer toute l'énergie mélodique.