Le recul de l’influence française depuis près d’un siècle (et même peut-être trois) n’en fini pas de se renforcer. « La grandeur de la France » expression chère au Général de Gaulle semble avoir vécu. Notre pays, puissance moyenne sur le plan démographique et économique, conserve encore aujourd’hui un peu de sa superbe sur le plan international, grâce, entre autres, à de solides appuis dans les pays en voie de développements et des coups d’éclat tel que le refus de la guerre en Irak.
Au cours de l’été 2010, la séquence mêlant insécurité-nationalité et reconduction des Roms à la frontière semble vouloir entamer ce dernier pan de la France qui rayonne.
Ce sont tout d’abord les médias étrangers qui se sont exprimés pour condamner les déclarations du Président et la circulaire visant les Roms : l’anglais The Independent, l’américain The New York Times et le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, pour ne citer qu’eux, ont fortement tancé le Président coupable, selon eux, de « manipulations électoralistes de bas étages ». Les dénonciations sont venues de tous bords et même au-delà avec la récente prise de parole du chef de l’Eglise catholique, le Pape Benoit XVI.
Deux mois après le fiasco français de la bande à Domenech en Afrique du Sud, le drapeau tricolore a encore une fois perdu de son éclat aux yeux de tous ; y compris des Français.
Une séquence néfaste pour l’image de la France à l’étranger
Quelques jours après les débats houleux sur la question de la nationalité et l’évacuation des Roms, l’Ifop a interrogé les Français sur l’évolution de l’image de notre pays en dehors de nos frontières.
71% des Français estiment que la séquence a été défavorable pour l’image du pays alors que seulement 2% des personnes interrogées soutiennent que les annonces faites ont pu contribuer à améliorer notre image auprès de nos voisins. Plus grave, cet avis est partagé par tous, du Front de Gauche (84%) au FN (60%) en passant par le Modem (80%) et l’UMP (59%). Ce qui apparait comme la première brique d’une stratégie électorale visant à siphonner l’électorat frontiste démontre dans le même temps la clairvoyance de cet électorat : seulement 4% des sympathisants du FN estiment que ces décisions vont améliorer notre image à l’étranger.
Alors que le débat sur l’identité nationale a trouvé une expression législative avec le projet de loi élargissant le concept de déchéance de la nationalité, les dirigeants de notre pays feraient bien d’écouter l’opinion qui gronde. En effet, si « être Français » en devient honteux alors il faudra peut-être réfléchir demain aux modalités de changement de nationalité et penser aux Secrétariat d’Etat à … l’émigration!