Colette OUZILOU Ed. Presses de la Renaissance 2010
Nouvelle édition, revue et augmentée, d'un ouvrage fondamental paru en 2001, que nous avons en son temps commenté (texte toujours consultable dans cette même rubrique).
Le titre, un peu énigmatique, signifie seulement qu'il est question d'une vraie épidémie de fausse dyslexie, la vraie dyslexie étant une affection assez rare qui entrave la lecture, à des degrés variables selon la gravité des cas.
L'épidémie de fausse dyslexie s'est développée depuis 40 ans, au rythme des innovations pédagogiques délirantes en matière d'apprentissage de la lecture. Et ce n'est pas fini. L'auteur faisait état il y dix ans de 10 % des faux dyslexiques, pour 20 % aujourd'hui.
En effet, il y a toujours des maîtres et des maîtresses persuadés que la dyslexie explique une large part des échecs des pédagogies prétendument scientifiques. En septembre 2010, il y a toujours des parents à qui l'on explique, quelques jours après la rentrée au CP, que leur enfant est dyslexique.
On pourrait se demander si Colette Ouzilou n'exagère pas, alors qu'un certain nombre d'instituteurs raccourcissent la période de départ global pour passer plus vite au "syllabique". Mais le départ global, même court, est nocif pour certains enfants, et le "syllabique", lancé par les pédagogistes contre l'alphabétique à la rentrée 2006. – la rentrée de la désinformation – est un pavillon qui couvre toutes sortes de marchandises
En analysant les mécanismes de l'apprentissage de la lecture, en présentant de nombreux exemples de cas, de la maternelle à l'école primaire et au-delà, Colette Ouzilou permet de comprendre les effets de différentes approches pédagogiques, et la persistance de ces effets à l'adolescence et à l'âge adulte.
Car l'écriture et la lecture ne sont pas, comme la parole, des activités naturelles. Elles doivent être apprises, et les modes d'apprentissage conditionnent le fonctionnement cérébral de façon durable.
Un apprentissage rigoureux crée de bonnes connexions entre les neurones ; un enseignement défectueux laisse des séquelles durables.