Vérification faite, ce n'était pas un seul ordinateur, mais plusieurs ordinateurs à la fois et même le serveur central, ainsi que les deux serveurs d'archivage des données connectés à 39 points d'exploitation à travers tout le territoire national gérés par les directions provinciales, les entités autonomes et les agences mandataires. Ce réseau informatique interconnecté par satellite gère en temps réel toutes les données comptables, financières, le mouvement des devises et d'autres ressources. Le mot fut lâché dans l'après-midi : « Le système central de l'informatique de la BCC a été saboté ! ».
Ce qui a détruit toutes les bases de données et mis en moule en l'espace d'une nuit, une somme importante des informations archivées à la Banque centrale.
Ce jour-là, tous les directeurs généraux, les directeurs et les responsables des services couraient dans tous les sens, cherchant la moindre explication qui tardait à venir. Le directeur du département informatique et ses proches collaborateurs se sont aussitôt mis à traquer les indices de ce sabotage, en interpellant les agents et en tamisant les mouvements éventuels des personnes extérieures qui ont pu pénétrer la veille, dans les locaux du service informatique. De ce contrôle, ils espéraient détecter également tout comportement suspect d'un agent pouvant être à la base de ce problème.
Curieusement, même le système de télésurveillance n'a pas fonctionné la nuit des faits. Bien qu'en bon état de marche, les caméras n'ont enregistré aucune image.
Enfin, au bout des investigations laborieuses, les traces ont pu être décelées. La preuve ? Les câbles des caméras et ceux des enregistreurs vidéo ont été sectionnés par des inconnus.
La cybercriminalité, ce fléau de notre siècle de Nouvelles technologies de l'information et de la communication, venait de frapper l'une des institutions la mieux gardée et peut-être la plus sécurisée depuis qu'a été lancé le plan de modernisation de l'Institut d'émission.
Ce « coup » a donné de l'eau aux moulins d'un député de l'opposition qui, au cours d'une séance plénière de l'Assemblée nationale, a formulé une motion d'information convertie par la suite, en question orale destinée au ministre des Finances.
Harcelé par des flots des questions sur cette situation, et tenant à tordre le coup aux rumeurs et commentaires désobligeants, le gouverneur de la Banque centrale du Congo a décidé l'organisation, hier dans l'après-midi, d'une « Journée portes ouvertes du service informatique » de l'Institut d'émission, sous la conduite du directeur Lusamba de l'informatique qu'assistaient ses proches collaborateurs.
Que cela soit dit en passant que physiquement tous les équipements informatiques sont en bon état, mais que ce sont les bases des données qui ont été détruites.
« Le système central de l'informatique est touché de plein fouet »
A l'issue de la visite guidée qui a démarré au parc des antennes VSAT et s'est terminée jusque dans les salles d'équipements informatiques, Jean-Claude Masangu a fourni à la presse congolaise, toutes les explications sur l'incident malheureux survenu à la BCC, dans la nuit du 16 au 17 septembre vers 23 H 30' .
Moralement affecté, il a reconnu que le sabotage a touché le coeur du système central informatique de la BCC.
Que peut-on relever des enquêtes menées jusqu'ici ? La Haute direction a pris quelques mesures préventives dont des demandes d'explication et des suspensions. Des plaintes ont été déposées auprès des services de l'Etat.
Qu'en est-il des efforts déployés par la Banque centrale pour remédier à la situation ?
Les services techniques de l'Institut d'émission s'attellent à reprogrammer et à reconfigurer toutes les bases de données. Pour faire ce travail laborieux, a révélé Jean-Claude Masangu, ils ont besoin de tout le monde en interne comme à l'externe. Comme cela exige une grande prudence, le patron de l'Institut d'émission a fait observer que la direction de l'audit interne est préoccupée à vérifier si quelque problème ne pourrait pas surgir lors de toutes ces opérations délicates et fastidieuses.
Affichant par la suite sa satisfaction, il a lâché que le compte général du trésor du gouvernement est intact. Il en est de même des comptes de la Banque centrale. La vérification a révélée qu'aucun Franc congolais, ni un dollar n'a été sorti des caisses de la BCC.
Ce week-end, ses services pourraient récupérer le système central informatique à 100 %. Toute la base des données sera reconstituée. La Banque centrale pourra ainsi remettre en marche tous les serveurs, ainsi que tout le logiciel et toutes ses applications.
Il a dévoilé en outre, un plan pour la continuité de services et fait savoir qu'une équipe des techniciens va partir bientôt en formation à l'étranger pour apprendre comment parer à de telles situations.
Le gouverneur de la BCC s'est enfin posé une série des questions auxquelles les résultats des enquêtes pourraient bien répondre. Car, ce sabotage, à ses dires, ne peut être que l'oeuvre d'un professionnel ou de quelqu'un qui connaît bien la banque.
Serait-ce un acte perpétré par des agents mécontents ? Serait-ce un sabotage commis par un travailleur qui serait devenu toc toc et aurait détruit les données informatiques?
Est-ce que c'est la personne du gouverneur qui a été visée par les « saboteurs » ?
Serait-ce un coup qui aurait pour visée de frapper le pays, en touchant la base importante des données détenues par l'Institut d'émission ?
A toutes ces interrogations et à tant d'autres demeurées jusqu'ici sans réponses, il espère que les enquêtes apporteront des explications adéquates à même d'identifier les auteurs de ce sabotage et leurs motivations politiques éventuelles.
Jean-Claude Masangu a toutefois, promis que ce sabotage ne restera pas impuni. Foi du patron de l'Institut d'émission en colère !