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Quand la justice se ridiculise.

Publié le 06 octobre 2010 par Marx


   Il y a des moments pendants lesquels on pouffe de rire. La justice du haut  de sa suffisance, nous fait penser à une vaste comédie , jusqu’à la caricature. C’est bien une caricature de justice. Une justice de classe qui ne prend même pas le temps de donner le change. Il faut dire, qu’elle ne fait pas les lois, elle les applique selon des interprétations à géométrie variable. C’est bien qu’elles peuvent être interprétées. Vous remarquerez qu’un salarié qui gagne face à son employeur, ne retrouve jamais la totalité de ses droits et il n’y a personne pour imposer les décisions des prud’hommes . A la fin c’est toujours le licenciement, à priori et sans jugement, encore peut il espérer après jugement , un dédommagement financier négocié et jamais l’intégralité de ce qui est du par le patron.
   La justice a un coût et un prix. On a beau avoir raison, pour pouvoir le démontrer, il faut payer. Dans ce système, la justice n’est en fait qu’un service marchand. Vous avez plus de chance de perdre même si vous êtes dans votre droit, mais pauvre que si vous êtes coquin et riche. On peut prouver, selon ses moyens.
   Ce qui motive ses lignes, c’est le procès Kerviel mais pas simplement. Les licenciés du « Méridien Leclerc » aussi. Des cas similaires, il y en a des tas. Les travailleurs sont toujours licenciés avant même d’être jugés ou tout simplement de pouvoir se défendre. Le prétexte avancé par ces patrons peu scrupuleux, c’est le licenciement économique, au sein d’entreprises qui se portent très bien. Bien sur les arguties patronales ne trompent personne mais la justice fait comme si. La liberté d’expression n’existe pas à l’intérieur de l’entreprise, pire un patron peut menacer publiquement ses salariés qui font la grève, sans être inquiété. L’inverse est sans appel. La justice n’existe pas puisqu‘en matière sociale, il n’y a que le rapport de force. Si ce rapport est favorable aux salariés, la loi et la justice tombe, tranchante, référé, mises en demeure. Quand il est favorable au patronat, c’est une affaire sociale, privée et interne à l’entreprise, c’est l’affaire des partenaires sociaux, surtout lorsque le mouvement syndical est faible ou mal représenté. On peut licencier et on trouve toujours un motif, sans être inquiété le moins du monde. On ne peut pas pour s’y opposer occuper l’entreprise sans être de facto hors la loi.  La dignité des travailleurs passe après  le bon vouloir qui est lié à la propriété.
   Les témoignages sont légion, de salariés poursuivis pour avoir menacé publiquement leur patron, aucun patron n’a été poursuivi pour avoir menacé ou exercé des pressions contre des salariés. La menace de licenciement, quoi de plus naturel dans notre société, pour un patron. C’est banal et dans l’ordre des choses dans un système de subordination. La justice elle même ,n’est elle pas subordonnée aux lois du système qui justifient et maintiennent la domination d’une classe sur l’autre.
   La justice peut se vouloir indépendante d’un pouvoir politique, elle ne l’est jamais à ses lois et à ses rapports de classe. Dans le système actuel elle est l’expression de la classe dominante.
   Pour revenir sur l’affaire Kerviel et cela n’échappe à personne, pas même à une partie de la bourgeoisie, que la sanction financière est « ubuesque ». Rendre l’argent perdu jusqu’au dernier centime, alors pourquoi pas à l’inverse, rendre à Kerviel, les gains qu’il a permis à sa banque. Et puis regarder ce qu’a pu encaisser la même banque en argent douteux et spéculatif, que ce soit avec Kerviel ou avec d’autres. Le vitrier a beau poser des vitres, il en casse toujours quelques unes. Au 19ième siècle, il devait les rembourser à son patron. Et puis nous dit on, il y a en matière financière, toujours une prise de risque et à ce petit jeu de la spéculation, on peut perdre. La banque  comme le capitalisme en général n’accepte jamais de perdre . Seuls les travailleurs perdent, jamais le capital, sauf parfois les plus faibles d’entre eux, dévorés par les plus voraces de leurs congénères. On fait croire au petit peuple que ces messieurs prennent des risques, non pour eux , il y a l’Etat providence et qui n’est providentiel que pour eux, avec l’argent et le travail du peuple.
   Kerviel est l’illustration du « lumpen prolétariat » moderne, de ces petits maquereaux qui se prennent pour des requins. Oui le lumpen prolétariat, démunis de tout sens moral, sans aucune conscience sociale ni civique, produits directs du système. Sa Banque l’a ainsi formaté, il n’y a que le fric qui compte et le reste n’est que littérature . Il a voulu briller aux yeux de ces messieurs et prouver qu’il était le meilleurs de leurs valets, sans scrupules, comme eux. Mais un valet est un valet et un valet ça tâte du fouet du maître mécontent. C’est rarement le maître qui donne du fouet, souvent cette tache est dévolue à d’autres valets.
   Ubuesque. On peut se demander pourquoi alors ne pas condamner le capital à verser au travail tout ce qui  lui a été volé depuis des décennies. Pourquoi ne pas aller chercher l’argent planqué illégalement dans les « paradis fiscaux » et condamner ceux qui le détiennent. Non pas négocier au rabais leur du à la nation et aux travailleurs, non , comme pour Kerviel, payer jusqu’au dernier centime avec les peines de prison qui vont avec, comme pour le « traider ». Pour tous, réadaptation par le travail manuel, dans le bâtiment, les mines, les fonderies et les forges, sans limitation d’horaire, sans RTT, sans couverture sociale, sans retraite, sans congés, sans droit de grève et au SMIC. C’est bien ce qu’ils veulent pour les travailleurs, et bien qu’ils inaugurent leur système. Pour les outils, une pioche suffit et un seau d’eau, pas pour boire mais pour refroidir la pioche. Jusqu’au remboursement de tout ce qu’ils doivent.


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