Alé Zérom, pèy pa l’amend la !

Publié le 06 octobre 2010 par Laurelen
Il ya une phrase dans le Quotidien d’aujourd’hui qui m’a interpellée. Elle est lâchée par le vice-président de l’Afpar, qui vient de licencier son directeur because un déficit de 1,3 million d’euros. Il a bien conscience que si on veut que la Région débloque de gros fonds pour remonter l’affaire, il faudra faire quelques concessions et surtout présenter un solide plan de redressement. « Logique, dit-il. Je ne connais aucun financeur qui accepte de donner aveuglément des millions d’euros sans un minimum de contrôle ». Ah ouais ? Eh-ben-moi, j’en, connais plein, euh !
On en a l’exemple parfait en ce moment avec la Société Générale qui rend son verdict dans le même journal, et dans tous les quotidiens français du jour d’ailleurs. Oui, c’est vrai, je dis verdict pour la Société Générale parce que je ne pense pas que ce soit la justice qui puisse rendre une telle sentence. 5 milliards d’euros, ça n’apparaît dans aucun code pénal. La justice a donné de la zonzon à Kerviel, mais aucune amende, alors qu’il risquait 375000 euros selon la loi. Les 5 milliards, c’est tout des dommages et intérêts. Ben oui, mais le petit Jérôme, qu’on a laissé s’empêtrer dans des tradereries plus grosses que lui, il était tellement contrôlé qu’il a fait perdre 5 milliards à lui tout seul. Personne autour de lui n’a soupçonné un instant ce qu’il faisait, c’est évident… Heureusement, face à la somme colossale et à l’afflux de soutiens au condamné, la Société Générale vient d’annoncer qu’elle ne réclamera pas les 5 milliards à son chouchou, « sans toutefois que l'établissement renonce à toute indemnisation. » Cependant pour ma part le mal est fait. C’est bien la Société Générale qui a demandé ce verdict inconcevable, et le tribunal l’a suivi, ce qui est dégueulasse mais est sans doute déjà devenu une habitude, et pas qu’en France. En général, quand une grosse couille arrive dans une boîte, de perte de gros sous à mort d’homme, due à un manquement grave ou quelconque dysfonctionnement, le patron saute (c’est ce qui s’est passé à l’Afpar) et est normalement poursuivi. Quand l’affaire Kerviel a éclaté en 2008, le PDG Bouton a simplement été rétrogradé au poste de président du conseil d’administration. En clair il est passé de la Limousine au C5. Kerviel, lui, va faire de la taule. Que ce verdict serve de leçons aux petits employés qui croient faire plaisir à leur patron et espèrent une bonne prime.
Aujourd’hui, trois ans après les faits, elle se porte pas trop mal, la Société Générale. Comme la plupart des banques, finalement. Celles qui ont fait des milliers de prêts bidons à des gens non solvables à long terme, qui représentent les milliards qu’on sait, lâchés aveuglément dans la nature sans un minimum de contrôle. Heureusement c’est jamais de leur faute aux banques, c’est surtout pas elles qui vont partager les frais, il faut bien lire les petites lignes en bas du contrat. Parce que par contre ça va toujours de moins en moins bien du côté des contribuables, et, à ce qu’on nous dit, du côté de la dette de l’état. Qu’on ne s’inquiète cependant pas pour ce dernier, tout me porte à croire que même en Grèce par exemple, les états sont de mèches avec leurs copains spéculateurs. L’état magouille, les banques spéculent. Faudra bien qu’ils nous préviennent quand même, le jour ou les banques avaleront complètement le concept de l’état et nous dirigeront directement, écoles, santé publique, justice… Ah, c’est déjà fait ? Mince, moi qui croyais encore qu’aucun financeur n’accepterait de donner aveuglément des millions d’euros sans un minimum de contrôle. Ça me fait penser à une boutade d’un poète de la finance entendue samedi sur France Inter : « si quand j’avance tu spécules, comment veux tu comment veux tu que je régule ! » Heureusement, c’est que pour rigoler…

Arthur