imperium

Publié le 06 octobre 2010 par Hoplite

J’écoutais d’une oreille distraite tantôt une émission de France-Intox sur le conflit israélo-palestinien, entre deux verres de rosés (pas d’entraînement ce soir..) et un biberon de 240cc, surfant entre les questions souvent pertinentes d’auditeurs (savamment filtrées comme il se doit), les interventions du croisé Gresh, alter-mondialiste célèbre (fils d’une militante communiste juive et d’henri Curiel, également juif communiste Egyptien disparu tragiquement) dont le soutien sans faille aux albanais musulmans du Kosovo lors du conflit Yougoslave au début des années 90 (qui se solda par l’écrasement et la partition de celle-ci sous les bombes –humanitaires- de l’OTAN et par l’érection d’un état musulman en Europe, sous la coupe des assassins de l’UCK et des mafias albanaises…de quoi garder quelques distances, donc) et celles d’Elie Barnavi, auteur immortel de l’Europe frigide.

Barnavi m’a réjoui un court instant lorsqu’il exclut un état binational au motif que ce serait la guerre civile…mais personne à ce moment là pour entonner le doux refrain du vivrensembl™, du multiculturalism™, de ces fameuses sociétés multiraciales et multiculturelles arc-en-ciel™ (parousie moderne) prônées par nos modernes sur le sol européen…curieux, non ?

Me suis dit à ce moment là, qu’il existait, concernant les cultures et les peuples des vérités changeantes, suivant les latitudes: à certains endroits des civilisations irréductibles et à d’autres des autochtones xénophobes incapables de saisir le sens métissé de l’histoire…ho ho !

Je rebondis sur l’interrogation de Jean-pierre, tantôt : pourquoi ce soutien inconditionnel des USA à Israel ?

Du point de vue israélien, l’impératif est de survivre dans un environnement hostile. Plusieurs axes :

-démographique : maintenir une immigration juive constante afin de lutter contre les démographies arabo-musulmanes environnantes (les Palestiniennes sont les plus fécondes au monde, une bombe démographique++),

-militaire : garder absolument la suprématie militaire conventionnelles et non conventionnelle (plusieurs centaines d’ogives nucléaires officiellement inexistantes),

-politique : éviter absolument la constitution d’un état binational et même d’un état Palestinien dont la démographie absorberait l’état juif en quelques générations à peine, tout faire pour garder la caractéristique ethnique/raciale juive d’Israél (question de survie),

-géostratégique : maintenir des relations correctes avec l’allié Américain, premier bailleur financier et militaire, et soutenir le plan néoconservateur de remodelage du Moyen-Orient via, notamment, la destruction des velléités d’autonomie de l’Iran et la partition de l’Irak.

Du point de vue Américain, la question est essentiellement géostratégique : si certains travaillistes, à la création de l’Etat juif, regardaient vers l’URSS, c’est une alliance avec les USA que choisirent des dirigeants sionistes américains et britanniques lorsqu’ils rencontrèrent Ben Gourion en 1942, 6 ans avant la création d’Israél (dont la reconnaissance par Washington prit une demi-heure contre  une journée pour la France…). Israél devint l’allié américain au Proche-Orient en pleine guerre froide (Corée, puis Viêt-Nam puis Canal de Suez), avec une capacité à frapper des Etats alliés aux Russes (Syrie et Egypte) bienvenue.

La chute de l’URSS et la fin de la guerre froide ne remettront pas en cause cette alliance compte-tenu du concept de « guerre juste contre le terrorisme islamique » après le 11/01/01, forgé par les stratèges néocons (Kagan, Brezinski) qui désignèrent alors l’islam –jusqu’alors régulièrement instrumentalisé contre les Soviétiques notamment en Afghanistan- comme nouvelle figure du Mal…

Israél est certes un poids économique et diplomatique mais c’est aussi une pièce maîtresse dans le jeu, l’échiquier US au proche et au Moyen-Orient : qui contrôle cette région du monde contrôle l’approvisionnement énergétique des Américains mais aussi des Chinois et des Européens pour longtemps et donc son imperium planétaire.