Devant la Commission Hunter il tentera de justifier son action. « Oui j’aurais pu disperser cette foule sans faire usage de mes armes, mais ils seraient revenus sans cesse et nous nous serions déconsidérés ». Il expliquera aussi que s’il l’avait pu il aurait utilisé l’automitrailleuse dont il disposait mais qui n’avait pu entrer dans le jardin. Lorsqu’on lui demanda pourquoi il avait laissé les blessés sans secours il eut cette cynique réponse : « Ce n’était pas mon boulot ; les hôpitaux étaient ouverts et ils n’avaient qu’à y aller ».
Churchill, alors Secrétaire d’Etat à la Guerre, fit une intervention remarquable au Parlement le 8 juillet 1920. Il démonta point par point les arguments du Général Dyers et condamna sans équivoque ce massacre : « Ce fut un événement inouï, monstrueux qui doit être considéré comme une sinistre exception. On a dit que c’était pour sauver l’Inde ; je n’y crois pas un seul instant. Le pouvoir britannique ne repose pas sur de telles fondations ».
Le général Dyer sera relevé de son commandement mais, à son retour en Angleterre, n'en sera pas moins reçu en héros par une partie de la population. Le journal conservateur et pro-impérialiste Morning Post lancera une souscription en faveur du Général Dyers qui recueillera 18.000 livres.
En Janvier 1921, le Général Dyer écrit un article dans le Globe sous le titre “le péril de l’Empire”. L’article débute par ces phrases : « L’Inde ne veut pas d'un gouvernement indien ; elle est incapable de le comprendre ».
Il meurt le 23 juillet 1927 et on lui prête ces dernières paroles : « Certains disent que je me suis mal conduit, d’autres que j’ai eu raison. Je veux seulement mourir et savoir de mon Créateur si j’ai mal ou bien agi ».
La famille du Général Dyer ne comprit jamais ce massacre et son fils Rex Dyer declarera : « Ce fut un événement brutal et horrible et prétendre le contraire serait stupide ».
Celui qui fut son supérieur Michael O’Dyer sera assassiné en
1940 à Londres par le sikh Shaheed Uddham Singh qui voulait venger ainsi le massacre d’Amritsar.
Epilogue
Le gouvernement de Londres croit bien faire en introduisant en décembre 1919 des ministres indiens dans tous les gouvernements provinciaux ainsi que des représentants des diverses communautés dans les assemblées provinciales et l'assemblée centrale. Mais ces concessions viennent trop tard.
Du massacre d'Amritsar date la rupture entre les élites indiennes et les colonisateurs britanniques. Les hésitations de ces derniers vont favoriser la montée du nationalisme et les aspirations à l’indépendance et notamment au Punjab ce qui allait préparer le terrain pour le mouvement de non-coopération que Gandhi allait lancer en 1920.
Amritsar est aujourd'hui une ville prospère du Pendjab, à l'Ouest de l'Union indienne. C'est la métropole religieuse des Sikhs qui se recueillent en grand nombre dans le Temple d'Or.
La tragédie de 1919 y est commémorée par un monument et son souvenir reste très vif en Inde malgré les drames beaucoup plus graves qu'a pu connaître ce pays depuis lors. Encore aujourd'hui, les traces de balles de la troupe britannique sont visibles dans les murs du parc.
Elle a donné lieu à un incident diplomatique pendant la visite du prince Philip d'Edimbourg, en 1998, celui-ci ayant tenté avec maladresse d'atténuer la faute du général Dyer.