Le L-tryptophane, l’un des acides aminés essentiels de l’alimentation humaine, revient, à nouveau autorisé sous forme de supplément nutritionnel, après près de 15 ans d’absence en Europe. En 1990, après qu’un unique lot contaminé de tryptophane provenant d’un seul fabriquant japonais ait provoqué l’apparition de cas d’une maladie mortelle, son utilisation dans les suppléments nutritionnels a été interdite. Dans le même temps, son utilisation dans des médicaments, des laits pour bébés et des produits pour l’alimentation parentérale n’a pratiquement pas été interrompue. Précisons qu’au moment même de cette interdiction se produisait le lancement du Prozac.
Précurseur de la sérotonine, de la mélatonine et de la niacine, le tryptophane a une importance vitale. Découvert en 1901, il est utilisé depuis plusieurs dizaines d’années pour soulager la dépression, favoriser l’endormissement ou aider à perdre du poids. De nombreuses études ont montré l’intérêt et l’efficacité du tryptophane et notamment :
* pour augmenter les concentrations de sérotonine. Celle-ci joue un rôle fondamental dans de multiples fonctions de l’organisme et, en particulier, dans la dépression, l’anxiété, l’humeur et le contrôle de l’appétit. Par ailleurs, la sérotonine étant incapable de traverser la barrière hémato-encéphalique, lorsque ses niveaux sont insuffisants, seule une supplémentation en tryptophane ou en 5-HTP, ses deux précurseurs, permet de les élever efficacement ;
* lorsqu’elles se sentent stressées, déprimées ou anxieuses, de nombreuses personnes consomment des quantités importantes d’hydrates de carbone. Cette mauvaise habitude a pour conséquences une augmentation de la sérotonine cérébrale et une sensation temporaire de bien-être et de sécurité mais, aussi, un accroissement des graisses stockées. Une supplémentation en tryptophane améliore l’état psychologique sans entraîner un accroissement du stockage des graisses ;
* les premières études utilisant le tryptophane pour influencer l’humeur datent des années cinquante. Sur des sujets souffrant de dépression légère à modéré, une supplémentation en tryptophane s’est révélée efficace et sans effet secondaire ;
* le tryptophane est également un traitement efficace, associé ou non à une photothérapie de la dépression saisonnière ;
* le tryptophane, en cas d’insomnie légère, favorise l’endormissement et la qualité du sommeil. Le L-tryptophane et le 5- HTP sont métabolisés en sérotonine en suivant la même voie métabolique. Malgré cela, certaines personnes réagissent mieux à une supplémentation en L-tryptophane qu’en 5-HTP. Plusieurs éléments peuvent l’expliquer :
* avec une supplémentation en L-tryptophane, l’organisme conserve la maîtrise de la quantité de sérotonine produite grâce à l’enzyme L-tryptophane hydroxylase ;
* avec le 5-HTP, la production de sérotonine n’étant pas régulée, une partie peut aller dans l’intestin et entraîner des nausées. Par ailleurs, la sérotonine ne traversant pas la barrière hémato-encéphalique, la part de sérotonine produite en dehors du cerveau sera incapable d’y pénétrer ;
* chez certains sujets, certaines maladies et, entre autres, une dépression sévère, peuvent bloquer le passage du 5-HTP à travers la barrière hémato-encéphalique, ce qui ne se produit pas avec le L-tryptophane ;
* enfin, le L-tryptophane est un acide aminé essentiel indispensable au bon fonctionnement de l’organisme et, notamment, à la production de niacine.