Petite introduction vocale par Cerioti, disque de 1973, introduction de « La Cumparsita », mais le morceau n’est pas inclus : il sert d’introduction au célèbre Astor Piazzolla et son « Cité tango », avec un bandonéon évidemment tout de suite omniprésent.
« Round about midnight » est la surprise du CD, et elle figure en entrée de matière : la trompette de Chet Baker rencontre le bandonéon dans cet enregistrement qui, pour moi, est le très grand intérêt d’Inspiración Espiración. Vraiment beau.
« Confianzas » et une collaboration entre le GoTan Project et l’actrice Cecilia Roth, cette dernière faisant une lecture d’un poème de l’argentin Juan Gelman. Tout en douceur.
« Peace Orchestra » n’est autre que l’ami du groupe, Peter Kruder. Ici, c’est GoTan Project qui remixe le morceau de ce dernier. Pour moi, la première petite baisse de régime de cette compilation.
Les percussions de Domingo Cura prennent le relais, faisant retomber un peu l’ambiance – volontairement – mais nous permet de découvrir ce qui a été à l’origine, pour Philippe Cohen Solal, de son envie d’arriver à « un tango plus brut et percussif ». Un morceau aux accents forcément tribaux, et qui s’avère très percutant bien qu’il fut enregistré en 1975 !
Calexico se voit ensuite invité à remixer, ou plutôt, à reprendre le titre « La del ruso » de GoTan Project. Un morceau parfaitement introduit par le « Percusión » de Cura.
Pour la 8ème piste, c’est Antipop Consortium qui vient remixé « El capitalismo foráneo », Cohen Solal ayant demandé à High Priest d’écrire un rap militant. J’avoue ne pas saisir l’intérêt de ce morceau qui me semble de trop sur cette compilation, car beaucoup trop éloigné à la fois de l’original (ce qui n’est pas un problème en soi) et du reste de ce qui figure sur cette compilation Inspiración Espiración.
Heureusement, Anibal Troilo et son « Tres y dos » remet les pendules à l’heure du tango, avec une ambiance très années 30. Un bien joli morceau de bandonéon, rappelant tellement de vieux films.
« M.A.T.H. » d’Al-Shid est un bien meilleur rap que celui d’Antipop Consortium, entre Brooklyn et Buenos Aires, et la production qui l’accompagne est tout à fait en accord avec l’esprit global de l’oeuvre mixée par Cohen Solal.
En fin de parcours, les deux morceaux les plus intéressants pour les véritables fans de GoTan Project : jusqu’ici, nous avons eu des morceaux d’inspiración (Cerioti, Piazzolla, Cura, Troilo), ou d’espiración (Peace Orchestra, Calexico, Antipop Consortium). Avec « Tríptico » et « Santa María (del Buen Ayre) », deux autres remixes de morceaux de La Revancha Del Tango, avec un morceau très électronique (bien plus encore que ce que GoTan Project fait) introduit par des commentaires de foot enregistrés sur la radio d’un taxi porteño, et un second davantage tourné vers la dark techno. J’ai habituellement tendance à ne pas aller au bout du morceau : deuxième morceau dispensable de ce DJ set ? Certainement. Mais c’est le propre des compil’ que d’avoir du très bon, et du moins bon.
Un pont a été tissé entre les débuts du Tango tel que nous le connaissons aujourd’hui (celui des années 20-30, qui après un passage en Europe et, plus particulièrement Paris, était retourné en Argentine avant de prendre ses lettres de noblesse) et le nouveau tango, remis à la mode par Gotan Project.
Une compilation très intéressante, surtout publiée après un premier album très bien reçu, pour faire patienter avant Lunático. Surtout avec son deuxième CD qui offre « La Cruz Del Sur », originalement composée pour La Revancha Del Tango : un morceau sympa, mais on devine très facilement pourquoi il n’a pas été retenu. Heureusement, ce CD n°2 propose surtout une piste vidéo, « Sentimentale » ! Je vous laisse la découvrir…
Nous sommes en 2010, alors je trouve que c’est un achat devenu inutile, préférez l’un des deux premiers albums, je vais de ce pas me pencher sur Gotan 3.0 qui, j’en suis sûr, lui est également préférable.
À réserver, donc, aux fans ainsi qu’aux curieux.