Il est de coutume républicaine de ne jamais commenter des décisions de justice, donc je ne commenterai pas. La justice a fait son travail, et elle a rendu son jugement, au nom du peuple français.
Il n’empêche. A l’écoute de la condamnation du célèbre Jérome Kerviel, il m’est difficile, impossible, de ne pas ressentir quelque chose de bizarre. Ca ressemble à un malaise. Quand derrière l’estomac, une petite pointe apparait, venant d’on ne sait où. Quand un frisson douloureux parcourt une échine courbaturée. Quand la gorge s’assèche.
Un malaise, voire un peu plus. Beaucoup plus.
Il y a des sensations, douloureuses, nauséeuses. Et un sentiment, qu’il ne faut pas écrire, parce qu’on ne commente pas. On ne doit rien dire.
Mais quand même… Quand le feu brule la foret, est ce bien raisonnable de n’arroser que le petit arbuste en contre bas de la colline dévastée ? Et le Monde, avec un grand M, est il sauvé avec ce jugement. Qui condamnerait le « seul et unique » fautif de la tempête financière que nous avons connu, et dont la société continue à subir les stigmates, profonds et marqués…
Ce matin, je ne peux m’empêcher d’être patraque, mal à l’aise. Devant le lampiste, l’employé qui devient bouc émissaire, le coupable facile et tout désigné. Et qui épargne, de fait, les "autres", les nombreux autres.
Que Kerviel doive être condamné me parait logique et incontestable. Autant, à des degrés moindre, que doivent l’être Nicolas Anelka ou Raymond Domenech. Condamnés.
Mais pas les seuls : ils ne sont pas les responsables de la déliquescence et du ridicule du football français. Pas plus que Kerviel n’est le responsable du fait que le Monde marche sur la cervelle…
Alors autant sourire un peu. Certains de mes amis avec du talent en rigolent, parlant de ce « trader fou qui plombe la France de 320 Milliards d’Euros ». C’est amusant…