Our body or not our body ?

Publié le 06 octobre 2010 par Jeanyvessecheresse

L'homme à la mandibule, Honoré Fragonard, Maison-Alfort

Peut-on faire payer pour exposer des cadavres ? Non a estimé mi septembre dernier la Cour de Cassation. Exit la possibilité d’exposer quelque chose comme « Our body, à corps ouvert » comme ce fut le cas à la Sucrière en 2008.

Si la France n’est plus première en matière de Droits de l’Homme, que notre éminent président se rassure la voilà première à statuer contre les expositions payantes de cadavres humains. Gunther von Hagens – anatomiste de l’université de Heidelberg promu au rang d’artiste - est invité à aller plastiner ailleurs (il a inventé la plastination pour conserver les corps et leur éviter la putréfaction et les odeurs qui vont avec). Dommage ! En France l’odeur de pourriture frôle parfois l’insupportable en ce moment.

Vous m’objecterez qu’il y avait soupçon sur l’origine des corps et qu’on craignait qu’ils ne proviennent des 6000 condamnés à mort annuels en Chine. Pour cette cause-là, une telle interdiction serait justifiée. Las, ce n’est pas pour cela que la décision de justice est prise : l’arrêt rendu par la Cour juge seulement que "l'exposition de cadavres à des fins commerciales" est contraire au Code civil qui stipule que "les restes des personnes décédées doivent être traités avec respect, dignité et décence".

Et si l’on avait pu prouver qu’il s’agissait de corps de personnes consentantes, comment la Cour de cassation aurait-elle interprété la loi ? Se serait-elle placée dans le domaine de la morale ou dans celui de l’éthique ?

Et que dire de cette notion de « fins commerciales » qu’elle évoque, dès lors qu’il s’agit de musées ?

Quant aux écorchés de Fragonard – Honoré, l’anatomiste cousin germain du peintre Jean Honoré Fragonard – conservés au musée Fragonard de Maison-Alfort : seront-ils à jamais soustraits aux yeux