Plus fort que Steve Austin

Publié le 06 octobre 2010 par Chroneric

On avait connu l'homme qui valait trois milliards, on a désormais l'homme qui devait 4,9 milliards. Même si un juge a rendu le verdict, le doute subsiste et subsistera toujours sur le rôle de la banque. Cette dernière a vraisemblablement manqué de franchise dans cette affaire.

Tous les spécialistes et professionnels dans ce domaine (excepté les salariés de la banque qui ont pieds et poings liés pour parler) sont d'accord pour pointer du doigt le manque de rigueur et de contrôle de la hiérarchie de Jérôme Kerviel. Comment peut-on croire que ce trader ait pu commettre un tel trou dans les comptes sans déclencher d'alertes ou éveiller les soupçons de ses chefs ? Le problème est qu'une banque cherche inlassablement à gagner de l'argent et pour se faire, elle laisse faire ses traders tant que tout va bien, c'est-à-dire tant que ça gagne. Car le système est fait de telle sorte que tout pousse à la faute. Ils en veulent toujours plus. La crise l'a montré. Mais à un moment la cocotte saute quand la vapeur est trop forte. Le fric est roi, c'est bien malheureux. Les riches gagnent toujours plus, on leur rembourse même une partie de leurs impôts.

La Société générale est la grande gagnante de ce premier procès (car il y a appel). Elle est lavée, blanchie j'ai envie de dire, de toute faute et son professionnalisme n'en prends pas un coup. Car il fallait éviter de passer pour des guignols aux yeux des concurrents, des investisseurs, des clients et de ceux qui voudraient réformer la Finance. Mais, il y a un autre aspect gagnant pour elle : les 4,9 milliards vont passer à pertes et profits et l'établissement bancaire rouge et noir n'aura pas à rembourser 1,5 milliard à l'Etat, et elle pourra payer moins d'impôts car ses bénéfices auront baissé. Après ça, la banque ira vous demander des agios parce que vous avez un découvert de 1 euro ou elle négociera des prêts avec ses clients avec des taux les moins bas possibles car les temps sont difficiles.

Les banques n'ont aucune éthique ni déontologie : on en prend le maximum pour en donner le minimum. Et quand le PDG démissionne, il se prévoit un pécule confortable alors qu'il ne le mérite pas. Alors, évidemment, Jérôme Kerviel ne payera jamais de tels dommages et intérêts. Et c'est tant mieux. Tout être humain de bon sens aurait trouvé cela scandaleux. Mais la Le juge a voulu ici ménager la chèvre et le chou, un gros chou bien gras.