L’Ipad vient d’amorcer une nouvelle révolution digitale. Celle de la lecture.
L’pad invente un nouveau « format » de lecture. Et donc, d’écriture. Le magazine Wired en est le premier exemple, transposé.
Après avoir transformé la chaîne graphique, le numérique redéfinit la diffusion des journaux, des magazines. Et fait passer toute une profession, de la page imprimée… à l’édition tactile.
« Ipad is only the begining« . L’Ipad invente un nouveau « format » de lecture. Chris Anderson, le patron de Wired, le magazine de référence du high-tech (papier, web et maintenant sur Ipad) a parfaitement décortiqué ce bouleversement : « Ce qui nous plaît avec l’iPad, c’est que l’on peut vraiment créer un spectacle, une scénographie pour le lecteur. » (à lire sur le site de Libération).
Les différences que les « tablettes » apportent à une lecture « classique » :
• Une dimension « immersive » dans un environnement graphique et multimédia
• Une nouvelle grammaire de la Presse avec des images à 360 degrés, des photos animées et des changements par clics sur des légendes
• Le temps de lecture augmente (en moyenne : 3 minutes sur le site web de Wired, 30 mn sur un iPad)
• L’offre vidéo constitue le média le plus consulté sur le magazine en version tablette
(via le blog, de Jean-Luc Raymond)
Une nouvelle lecture
« L’iPad renoue avec la notion de périodicité, de produit fini. Ce n’est pas le flux ininterrompu du Web, un robinet à infos. Cela redonne un certain statut à l’information, la distingue, l’habille. » ajoute le dirigeant de Wired.
La tablette Ipad est un objet nomade, préhensile, souple et utra-mobile (orientable dans tous les sens), humain, culturel et magique, dont le web — et son pesant outillage technologique : l’ordinateur — reste cruellement dépourvu. Pour se connecter à Internet, avec un PC, fut-il portable, ou même avec un netbook ; il faut, toujours, finalement, le « poser« . Quelque part. Sur une table, ou ses genoux (intraduisible laptop). Un Ipad, il suffit de le « tenir« . Entre ses mains.
Web sur Ipad
Bien sûr, on peut consulter des sites web sur un Ipad. Le résultat reste meilleur que sur un Iphone. Mais on voit, tout de suite, que ce nouveau terminal n’est pas, non plus, fait pour ça : afficher une technologie ancienne. Les navigateurs comme Safari, sont inadaptés. Lents. Et les sites web… paraissent archaïques. On comprend l’empressement des entreprises à créer des déclinaisons « mobiles » de leurs sites web classiques, pour les smartphones. Ce n’est qu’un début. Tôt ou tard, elles en viendront aussi, à créer des « apps » spécifiques, en particulier pour l’Ipad et les tablettes similaires.
Le livre numérique
La réussite de l’Ipad, c’est d’avoir inventé l’objet qui servira à l’invention d’un nouveau mode de lecture. Et d’avoir dépassé l’idée de la transposition. Du livre papier au livre numérique. A laquelle s’étaient pourtant essayés nombre de prédécesseurs. Les e-books. Cybook… Kindle et consorts. Faire du papier, un nouvel écran… Une belle utopie. Ou un manque d’imagination.
L’Ipad, apporte une idée différente. Même si on peut, bien sûr, y lire un livre. Le choisir, dans la bibliothèque ibooks, payant ou gratuit (comme la »Psychologie des foules » de Gustave Le Bon, par exemple).
Lire un livre, sur un Ipad n’est d’ailleurs pas désagréable. Pourtant la copie ne vaut pas le modèle… Le papier, broché, relié, édité… demeure une technologie durable et — très — au point (depuis la « Bible à 42 lignes » de Gutenberg, 1452). Et mieux, fiable : un livre ne tombe jamais en panne.
Mais sur l’Ipad, le livre est une « application », parmi d’autres.
Magazines Ipad
Lire un magazine sur l’Ipad… Là, c’est, souvent, beaucoup plus décevant. Si l’éditeur n’a pas fait l’effort d’adapter le contenu à cette nouvelle mise en page, à cette nouvelle mise en espace, des textes et des images.
Chris Anderson dit : (sur l’Ipad) « la base doit rester celle de la maquette papier, enrichie certes, mais toujours là, avec une base de feuilletage. »
Un feuilletage qui pourrait même inventer, de nouveaux parcours de lecture, comme ceux que décrivent le magazine Ipad Cool hunting.
Ou encore, cette époustouflante application, pour consulter son facebook et son twitter, avec un bonheur déconcertant : Flipboard.
Première révolution numérique
Dans le monde de la Presse, de l’Edition, le numérique a transformé la chaîne graphique. l’Ipad vient de lancer une nouvelle révolution digitale. Celle des lecteurs. Les industries graphiques ont du se plier, dès les années 80, à l’avènement du numérique. Le passage de la photogravure à Photoshop, de la photocomposition à Xpress, de l’offset au CTP… a laissé des marques sur le marbre. Nombre d’imprimeurs y ont laissé leur peau. Refusant de voir venir l’avenir.
Seconde révolution numérique
Après avoir transformé la production graphique… le numérique va, simplement, en redéfinir la diffusion. Les terminaux de lecture seront des tablettes. Fini, les quotidiens, les magazines, les journaux. Les kiosques. Tels qu’on les connaît encore, disparaitront, ou survivront, autrement. Des points de « téléchargement » peut-être. Quelques titres surnageront. Au format papier. Pas les quotidiens, payants. Trop lents. Trop chers, Trop concurrencés. Par les gratuits. Le web. Les flux RSS. Des magazines papier, haut-de-gamme, tireront peut-être leur épingle du jeu. Probablement, interactifs, et multimédia, à leur tour.
Les autres, se convertiront aux tablettes. A la lecture numérique. Comme la très intéressante adaptation du journal Les Echos, pour l’Ipad. La même révolution — celle passée par la production — s’appliquera bientôt, à la diffusion.
Le mouvement est en marche. En grand format. Des écrans de papier existent déjà, dans le métro par exemple. Demain, des affiches, dans la rue.
L’édition tactile
Quelles conséquences ? Les mêmes. Encore. Pour les métiers, non plus de l’impression, mais de la conception et du graphisme. Passer de la page imprimée, du format papier, à l’édition tactile. Envisager la mise en page, non plus dans un format fixe, mais dans un espace plus souple, différent et multimédia. Celui des tablettes numériques. Dont l’avènement est inéluctable.
Les outils de conception eux-mêmes (Indesign CS5) sont déjà prêts à fabriquer ces nouveaux médias, adaptés aux supports tactiles. A les tester et les produire, sur de nouveaux terminaux d’information, d’un futur quotidien : les tablettes. L’Ipad.
Vous êtes prêts ?