Peut-on savoir ce qu’on ne sait pas?

Publié le 05 octobre 2010 par Dodo44

Vous en êtes-vous déjà voulu de ne pas avoir su ce que vous ne saviez pas? Vous êtes-vous déjà senti coupable de ne pas avoir connu ce que vous pensiez devoir connaître? Je sais, ces questions ont l’air parfaitement stupides. Pourtant, elles sont régulièrement soulevées dans ma pratique et dans ma vie privée.

Prenons l’exemple de cette jeune femme de carrière qui vint me consulter pour un objectif honorable. Elle voulait se sentir l’égale de son conjoint, devenu depuis quelques mois son patron. Rien de moins.

Lors d’une séance, elle m’expliqua combien leur relation avait pris une tournure délicate. D’abord enthousiaste à l’idée de contribuer à cette nouvelle entreprise, elle devint vite inhibée par la peur de passer pour une incompétente.

Sa nervosité était palpable. Doucement, je lui demandai : Qu’est-ce qui te faire croire cela? La gorge sèche, elle répondit : J’ai commis une grave erreur dernièrement. Je poursuivis : De quel genre exactement?

La voix tremblante, elle osa : J’avais omis d’inclure une clause importante, en vertu d’un nouveau règlement, changeant complètement l’application d’un contrat. Et qu’est-il arrivé? J’ai dû le refaire, ce qui a retardé la transaction.

Et de quoi a l’air le contrat maintenant? Il est parfait et notre client est très satisfait. Alors, pourquoi t’en veux-tu autant? La réponse prit un peu de temps : J’aurais dû connaître ce règlement. Et comment aurais-tu pu le connaître? Euh… Franchement, je ne sais pas comment, car il y en a des centaines.

Alors, dis-moi, comment en as-tu appris l’existence? Lueur d’espoir dans ses grands yeux noirs : C’est en faisant l’erreur de l’omettre que mon conjoint a pu m’en révéler la présence. Et dis-moi, ça s’appelle comment, dans la vie, ce genre d’erreur? Sourire en coin, elle avoua : Ça s’appelle l’expérience.

Nous échangeâmes un précieux silence enveloppé de conscience.

Elle m’assura qu’elle prend désormais grand soin d’ajouter cette clause dans tous les contrats. Et cessa de s’en vouloir pour ce qu’elle ne savait pas. Sachant qu’on ne peut pas tout savoir. Encore moins ce qu’on ne sait pas. Puis, remercia cet événement de lui avoir révélé la valeur intrinsèque de l’apprentissage.

N’est-ce pas formidable d’être payé pour se perfectionner? N’est-ce pas le but de tout travail rémunéré? Et quand, en prime, nous savons apprécier chaque leçon enseignée, nous transformons notre culpabilité en humilité.

Assurément, l’école de la vie chaque jour nous rend plus instruits!

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