Anvil! The Story of Anvil
Résumé: L’histoire vraie et incroyable d’un groupe de métal fondateur du genre, mais qui n’a jamais réussi à percer…
De nos jours, quasiment personne ne connait le groupe canadien Anvil. Et pourtant, si on en croit d’immenses rock star telles que Slash ou James Hetfield, Anvil serait l’un des groupes fondateurs du métal, ayant influencé de très nombreux autres groupes de prestige. Le documentaire de Sacha Gervasi (scénariste notamment du Terminal de Spielberg) tente de rectifier cette injustice en s’intéressant à ce que le groupe est devenu de nos jours. Le résultat est un excellent documentaire, parfois drôle, souvent tragique, sur deux amis qui n’ont jamais laissé tomber leur rêve.
Après une courte introduction présentant le groupe à l’époque du pic de sa carrière, dans les années 80, le film s’intéresse à ce que sont devenus les deux membres fondateurs, Steve « Lips » Kudlow (chant, guitare) et Robb Reiner (batterie). Et le constat est assez désespérant, puisque les deux hommes sont totalement retournés à l’anonymat, vivotant de boulots basiques et peu motivants. Leurs seuls moments de réelle joie semblent être leurs concerts dans des bars de petites villes ou seule une poignée de fans irréductibles semblent les connaitre… Le film suit ensuite les galères du groupe, lorsque ceux-ci tentent de faire une tournée en Europe, qui s’avère totalement catastrophique, de bars miteux dont les gérants refusent de les payer, en festivals ou le public se retrouve réduit à une centaine de personnes… Des moments qui pourraient être drôles s’ils n’étaient pas aussi tragiques, surtout que le groupe retourne au pays sans avoir été payé. Et pourtant, Lips et Robb ne perdent jamais la foi, et continuent à croire qu’un jour ils auront enfin la reconnaissance qu’ils méritent. D’où une seconde partie dans laquelle Lips tente le tout pour le tout, en recontactant un producteur rencontré des années auparavant pour lui demander de produire leur nouvel album. L’occasion pour le documentaire de pointer du doigt la difficulté pour les artistes d’exister, entre le prix exorbitant nécessaire pour enregistrer l’album, et la condescendance des maisons de disques qui n’en ont rien à foutre d’un groupe de métal autrefois connu, qui ne veulent que faire du chiffre avec des groupes formatés.
Mais ce qui marque surtout dans le film, c’est l’indéfectible foi que Lips a dans son ami et dans leur musique. Même lorsque tout lui dit que c’est trop tard, que sa chance est passée 30 ans auparavant, le bonhomme continue à lutter et a croire qu’ils peuvent arriver au sommet, quitte à faire un boulot ingrat (téléopérateur) ou à ravaler sa fierté et demander de l’argent à sa famille pour pouvoir payer la production de leur nouvel album. C’est cet esprit jusqu’auboutiste qui émeut réellement et fait le cœur de ce documentaire pas comme les autres, surtout que les différents protagonistes s’ouvrent pleinement à la camera. On partage leurs galères, leurs engueulades, leurs sursauts d’espoir, on vibre avec eux et au rythme de leur musique. Du coup, impossible de ne pas verser une larme à la vision du concert japonais clôturant le film, devant une salle blindée. La consécration n’est peut-être pas là pour longtemps, mais elle est amplement méritée…
Note : 8/10
USA, 2008
Réalisation : Sacha Gervasi
F
Résumé : Totalement déstabilisé après avoir été agressé par un de ses élèves, le professeur Robert Anderson a perdu la foi dans son métier et sombré dans l’alcoolisme. Un soir, alors qu’il surveille sa fille, qu’il a collée quelques heures auparavant, le lycée est pris d’assaut par un groupe de jeunes qui commencent à massacrer les personnes présentes. Robert réalise très vite que s’il veut survivre et protéger sa fille, il va devoir combattre ses peurs…
Nouvelle incursion britannique dans le cinéma de genre, F avait l’air plutôt alléchant sur le papier et au vue de sa bande-annonce. Seulement, malgré un début prometteur, le film ne convainc qu’à moitié. La mise en place de l’intrigue est assez réussie, puisant dans la veine réaliste qui caractérise le cinéma de genre britannique. On s’attend à un film radical s’attaquant à la violence dans les écoles, et on se prend alors à imaginer un nouveau Eden Lake. Malheureusement, il est beaucoup plus difficile de faire un slasher réaliste qu’un survival réaliste, et le film ne tarde pas à retomber dans les sentiers assez balisés du genre, incohérences y compris. Même si les agresseurs anonymes (ils ne parlent pas, et leur visage est caché par une capuche) sont assez effrayants, le réalisateur Johannes Roberts fait l’erreur de les rendre trop omniscients et invincibles, ruinant leur crédibilité (ils se déplacent comme des yamakasis en sautant de partout). Du coup, le réalisme en prend un coup, et même si le réalisateur parvient à créer une certaine tension tout en évitant de sombrer dans les excès gores (tous les meurtres sont hors champ), il est assez vite difficile de s’intéresser au sort des personnages. Surtout que ceux-ci sont assez peu combattifs (la plupart d’entre eux se mettent à pleurer et se laissent abattre sans réagir). Le final assez sombre vient rattraper un peu le tout, mais le film laisse une impression assez mitigée, celle d’être un peu passé à côté de son sujet et de ses ambitions…
Note : 5/10
Royaume-Uni, 2010
Réalisation : Johannes Roberts
Scénario : Johannes Roberts
Avec: David Schofield, Eliza Bennett, Ruth Gemmell, Juliet Aubrey
Devil
Résumé : Une journée newyorkaise ordinaire… Cinq personnes coincées dans l’ascenseur d’un gratte-ciel, rien de très effrayant. Sauf que l’une d’entre elle n’est pas ce qu’elle parait…
Premier film de l’anthologie Night Chronicles, soit des histoires sorties de l’imagination de M. Night Shyamalan mises en scènes par de jeunes réalisateurs, Devil essuie les plâtres de la récente cabale contre le réalisateur (conspué à cause de son adaptation du cartoon Avatar, Le Dernier Maître de l’Air). Huée par les fans en colère du dessin animé, la bande-annonce du film laissait pourtant espérer un bon petit thriller démoniaque. Seule réelle ombre au tableau, la présence derrière la caméra de John Eric Dowdle, responsable de l’inutile remake de REC, Quarantine …
Au final, sans être d’une folle originalité (il s’agit ni plus ni moins que d’un mix entre La Malédiction et L’Ascenseur), Devil assure le spectacle et propose un bon petit suspense une heure et demie durant. Bien sûr, les fans du genre n’auront que peu de mal à deviner laquelle des cinq personnes est le Diable, mais il faut avouer que malgré tout Dowdle se débrouillent plutôt bien pour maintenir une tension correcte tout du long. La bonne idée du film, c’est de faire intervenir des personnages extérieurs à la cabine d’ascenseur, témoins (et parfois victimes) impuissants du drame qui se joue sous les yeux de la caméra de sécurité. Un stratagème qui permet d’en apprendre plus sur les « victimes » et la raison pour laquelle elles ont été choisies, sans que celles-ci ne se lancent dans d’artificielles déclarations et autres dialogues interminables. Malgré l’implication limitée de Shyamalan, on reconnait tout de même sa « patte », à travers la musique assez hitchkockienne de Fernando Velazquez, ou encore la rigueur du scénario.
Seules grosses ombres au tableau, la présence d’une irritante voix-off didactique, et surtout une fin assez ratée, beaucoup trop moralisatrice pour convaincre. Dommage, car le film, plutôt ludique, se laissait jusque-là suivre sans problème, voire même avec un certain plaisir.
Note : 6.5/10
USA, 2010
Réalisation : John Eric Dowdle
Scénario : Brian Nelson, M. Night Shyamalan
Avec: Chris Messina, Caroline Dhavernas, Bokeem Woodbine, Logan Marshall-Green
Cyrus
Résumé : Récemment divorcé, John (John C. Reilly) a du mal à se remettre de sa rupture, surtout lorsqu’il apprend que son ex-femme va se remarier. Mais la chance finit par lui sourire lorsqu’il rencontre Molly (Marisa Tomey) dont il tombe immédiatement amoureux. Seul problème, et de taille, Molly a un fils de 21 ans, Cyrus (Jonah Hill), qui semble bien décidé à garder sa mère pour lui…
La bande-annonce de Cyrus devrait être montrée dans les cours de montages pour expliquer combien il est facile de manipuler des images. Car en effet, le spectateur appâté par ce qui semble être une bonne comédie à la Step Brothers en sera pour ses frais, car Cyrus n’a (quasiment) rien d’une comédie. A la vision de la bande-annonce et du produit correspondant, on imagine très bien le raisonnement des ptits gars chargés de la com’ : « John C. Reilly, le rigolo de Step Brothers + Jonah Hill, le rondouillard rigolo de Superbad = comédie. Facile ! ». Parce qu’en fait, Cyrus est un petit film dramatique indépendant, probablement trop difficile à vendre tel quel pour que les marketeux fassent un effort.
La (désagréable) surprise passée, on s’aperçoit que le film n’est pas si mauvais, même s’il semble tout faire pour suivre le parfait manuel du petit film indépendant : stars en contre-emploi, image granuleuse (et souvent un peu floue) qui donne l’impression d’avoir été prise sur le vif, tentative de s’attaquer au sujet de façon naturaliste… Pas franchement désagréable à suivre, mais manquant un peu de génie ou d’originalité, Cyrus vaut surtout pour son trio de têtes d’affiches, tous excellent, et en particulier un Jonah Hill qui sort enfin de son rôle de « bon pote sympa mais un peu lourd parce qu’il est mal dans sa peau ». Bref, à découvrir, mais en sachant à quoi s’attendre…
Note : 6/10
USA, 2010
Réalisation : Jay et Mark Duplass
Scénario : Jay et Mark Duplass
Avec: John C. Reilly, Jonah Hill, Marisa Tomei, Catherine Keener