Le premier long-métrage de Romain Gavras est arrivé sur les écrans avec une bonne petite réputation sulfureuse, et trois semaines plus tard, il semble que le public français n’ait pas daigné s’y intéresser en masse. Le box-office confidentiel est digne d’un film d’Apichatpong Weerasethakul (et encore !). Compte tenu de la réputation sulfureuse, du buzz, de la présence en haut de l’affiche de Vincent Cassel… c’est aussi étonnant que décevant. Décevant oui, car Notre jour viendra, sa vision cinématographique forte et son regard parfaitement ancré dans son époque, mérite amplement d’être vu par le plus grand nombre.
L’histoire est étrange. Assez insaisissable au premier abord. On y suit Rémy, un souffre douleur qui se laisse moquer par tout le monde, parce qu’il est mou et roux, jusqu’à ce qu’il rencontre Patrick. Celui-ci, plus âgé et affirmé, à la barbe rousse, se prend d’affection pour Rémy et le prend sous son aile afin de faire naître la révolte en lui. Les deux hommes partent sur les routes du nord. Plus ils roulent, plus Rémy prend confiance en lui.
Romain Gavras s’était forgé un nom dans la provocation via son travail de clippeur, notamment pour le groupe Justice. Sa provocation passait par l’observation de la société. En passant au long-métrage, le fils de Costa Gavras conserve cette même rage, cette même volonté de tirer sur les travers de la société, sans pour autant oublier de faire montre d’un talent de metteur en scène implacable. La séquence finale, envolée pleine d’incertitude, est à tomber.
Pas grand monde n’aura vu Notre jour viendra. Quelques cinéphiles et fans de Vincent Cassel. Dommage car on sort bien là des sentiers du cinéma mesuré.