On a souvent une vision erronée du hacker, à l'écoute de ce mot on pense pirate, violation des droits de propriété et tout ce qui va avec. Bon, c'est en partie vrai, mais il ne faut pas oublier que les hackers sont les pères de l'informatique moderne, ce sont eux qui ont fondé les bases de l'internet sur des principes de liberté et Mark Zuckerberg évidemment en fait partie, tout comme Bill Gates d'ailleurs.
Avec le hacker vient toute une philosophie de pensée très libérale mais fondamentalement anti-capitaliste au sens où le hacker ne cherche pas expressément à se faire de l'argent. Olivier Blondeau et Laurence Allard ont admirablement décrit cette philosophie qui porte son emprunte sur les usages que nous faisons actuellement d'Internet dans leur ouvrage Devenir Média, que je conseille évidemment à tout le monde et qui évidemment (et heureusement) se trouve en téléchargement gratuit. Selon eux l'imaginaire du hacker est fondateur de ce qu'ils appellent l'hacktivisme. Avec l'accès généralisé à l'informatique, la politique se sert de la technique à des fins activistes et ce dès la fin des années 1990 avec la pratique du Fax Jaming qui consistait à inonder les terminaux de faxs pour bloquer les communications institutionnelles. Aujourd'hui on peut voir la traduction de cet usage du réseau dans la mobilisation et l'organisation des opposants au régime iranien autour du hashtag #Iranelection.
Les militants anti-Ahmadinejad ne sont certes pas tous des hackers mais ils se servent du réseau qu'ils ont à disposition pour s'organiser, à ce sens ils le détournent dans une perspective politique. C'est un peu (mais dans une moindre mesure) ce que Mark Zuckerberg a décidé de faire un hackant les facebooks ou trombinoscopes des différents collèges d'Harvard pour monter Facemash. Il se sert de l'existant pour créer quelque chose de nouveau (mais aussi pour se venger des méchantes filles qui ne veulent pas de lui).
Dans cette logique, nous sommes tous des hackers en puissance dans la mesure où nous nous saisissons des outils qui nous entourent pour en faire notre propre usage. C'est un peu populo ce que je dis là mais ça a une partie de vérité. Chacun utilise Facebook d'une façon bien particulière, sans forcément respecter les injonctions de la plateforme, d'autres utilisent Twitter pour dialoguer bien que le site affirme être une "abondante source d'information en temps réel" et puis allez comparer les Firefox d'utilisateurs différents, vous verrez bien.
Le surfeur du web utilise les outils comme il le souhaite, il n'y a pas de notice, il n'y a pas un mode de fonctionnement bien particulier, tout comme le hacker s'approprie l'informatique pour en faire sa chose, il essaye de faire du web sa chose, braconner (pour paraphraser Bachelard) le faire ramdamer (oui on respecte les décision de l'Académie Française à BuzzyG), mieux le comprendre dans sa complexité.
Il y a bien sûr un certain degré de mensonge dans la liberté qu'on nous propose, ce n'est pas optimiser son Firefox avec un max de plugs-in qui fera de nous un hacker, au contraire. On ne sera alors certes pas un hacker, mais un héritier des idéaux hacker. Malgré tout le cadre nous forme, il nous informe certes mais il nous oblige surtout à rentrer dans un comportement guidé dont peut être seuls les dév (et encore...) sont capables de s'extraire. Mais là, on commence à entrer dans la métaphysique et il faut que je m'arrête.
En gros, "le hacker laisse librement sa production à la disposition des autres pour qu’il l’utilise, la teste et la développe" (Pekka Himanen, L'Ethique Hacker) et heureusement pour nous !