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(Deutsch) « Der Vater » – und was ist mit der Mutter?

Publié le 05 octobre 2010 par Europeanculturalnews
(Deutsch) « Der Vater » – und was ist mit der Mutter?

Nicholas Mergenthaler comme le jeune Heiner Müller au "Le Père" (c) Philippe Stirnweiss

(Deutsch) « Der Vater » – und was ist mit der Mutter?

"Le Père" après Heiner Müller (c) Philippe Stirnweiss

Autant le père en tant que personne est absent dans cette pièce, autant la mère, elle, est présente. Dans cette mise en scène, son apparition est «triple» : Susanne Leitz-Lorey, Raminta Babickaite et Truike van der Poel incarnent le personnage de la mère : vêtues de la même robe jaune, coiffées du même bonnet blanc, elles symbolisent le soutien et la protection que Müller a trouvée auprès de sa mère tout au long de sa vie. Cette trinité, la réinterprétation d’un des symboles les plus importants de la foi chrétienne, accompagne ce fils qui peut à tout moment compter sur elle. C’est elle qui crée l’espace nécessaire pour qu’il puisse réfléchir sur son père, cet homme dont il n’a jamais été vraiment très proche. Ce sont également des projections freudiennes au meilleur sens du terme. Elle peut être interprétée exactement dans ce sens : Intouchable en jupon nuptial blanc et en même temps désirable.
Leurs voix respectives, le soprano, le mezzo-soprano et l’alto sont en permanence liées les unes aux autres et éclairent discrètement l’action sonore qui est par ailleurs peu accentuée. L’utilisation à bon escient de l’électronique est la preuve que les compositions de Jarrell sont bel et bien dans l’air du temps.

Quand il était enfant, Heiner Müller était en colère contre son père, car son absence a engendré des privations pour la famille. Plus tard, jeune homme, il a adopté une attitude méprisante vis-à-vis de lui. Quand son père quitta l’Allemagne de l’Est en 1951, l’écrivain est resté. En tant que fonctionnaire, le père de Müller était en charge du paiement des pensions. Ces montants revenaient en partie à des personnes que le fils considérait comme des assassins et qui par conséquent étaient à ses yeux indignes de recevoir quoi que ce soit. C’était en quelque sorte une trahison de ses propres idéaux.

Il a vécu la séparation d’avec la famille comme une sorte de libération. Exactement au moment où il a commencé à être indépendant, sa famille a quitté l’Allemagne de l’Est. La dernière rencontre que Müller relate sur scène, ressemble à celle qui a eu lieu en 1934, au camp de concentration Sachsenhausen : A cette époque il était séparé de son père par un grillage. A la fin de la vie de celui-ci, il le voit pale et malade à l’hôpital à Charlottenburg encore une fois à distance, isolé par une vitre. Une distance qui a parcouru la relation père-fils tout au long de leur vie.

L’ours, la putain, les femmes en jupon blanc aux gants de boxe rouges : tous ces souvenirs proviennent du monde incertain des contes de l’enfance. Mais ce sont également les perceptions reflétées des expériences de l’homme. Les femmes sans vie, étendues par terre, celles en jupon blanc qui n’ont jamais de vrais rapports avec lui parlent un langage muet mais pourtant très claire : 4 femmes en tout, avec sa mère elles étaient 5, étaient à ses cotés au cours de sa vie. L’une d’elles, l’écrivain Ingeborg Schwenker, s’est suicidée.

La composition de Jarrell relève d’avantage du théâtre musical que de l’opéra. Il vaudrait mieux la définir comme tel pour couper l’herbe sous les pieds des critiques qui manqueraient d’ouverture d’esprit et s’accrocherait à une nomenclature encyclopédique. Les enregistrements électroniques, soulignés par l’ensemble de l’IRCAM de Paris et les brouillards sonores créés par « Les Percussions de Strasbourg », ont fait naître un espace diffus dans lequel l’action était parfaitement chez elle. Un exemple pour montrer à quel point Jarrell sert plutôt la pièce avec la musique au lieu de la mettre en avant donnant ainsi à la parole et aux images de rester ses égaux.

Une œuvre d’art complet qui n’incite pas seulement les écoliers présents à une réflexion plus approfondie.

« Le père » a fait l’objet d’une captation par Arte-live-web et peut être visionné pendant les 6 prochains mois.

Texte traduit de l’allemand par Andrea Isker


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