Quand vieillesse rime avec breakdance

Publié le 05 octobre 2010 par Raymondviger

Glenn Curtis, G-man breaker

À 69 ans, Glenn Curtis est un sportif invétéré. Pour rien au monde il ne troquerait ses cours de breakdance pour disputer des parties de Scrabble dans une maison de retraite. Portrait d’un grand-père de 4 petits enfants dont la pratique du hip-hop permet de préserver la jeunesse.

Estelle Gombaud   Dossier Break-dance, Hip-hop, Culture

Originaire de San Francisco en Californie, Glenn a toujours été un fervent amateur d’activités extrêmes. Après avoir été enrôlé dans la US Air Force jusqu’à l’âge de 43 ans, il décide de devenir entraîneur privé pour un centre proposant des programmes de remise en forme. Il y restera 20 ans.

Désormais à la retraite, il est installé depuis 2007 dans le Vermont aux États-Unis. Malgré la distance, Glenn n’hésite pas à parcourir plus de 180 km plusieurs fois par semaine pour venir pratiquer son sport favori au studio de danse Sweatshop au centre-ville de Montréal. La métropole est la seule à proposer des cours de danse hip-hop à moins de 3 heures de chez lui.

Entretenir une jeunesse éternelle

Après avoir testé une multitude de sports, de la danse moderne à la pratique du trapèze en passant par l’entraînement physique en salle, Glenn décide finalement de se tourner, à 51 ans, vers la danse hip-hop.

Du haut de ses 5 pieds 3, cet Américain est un homme souriant et dynamique qui considère la danse comme un antidote aux effets de l’âge. «Oui je suis vieux mais je me sens vraiment jeune», dit-il avec un large sourire. «J’ai vraiment du fun quand je pratique avec les autres élèves et j’aime le rythme des musiques hip-hop sur lesquelles on s’entraîne», ajoute-t-il.

Sa pratique sort de l’ordinaire. Habituellement déconseillée pour les personnes âgées, c’est parce que cette danse est réputée pour sa complexité qu’il en a fait son passe-temps. La difficulté des figures lui permet de se surpasser chaque jour un peu plus et d’entretenir ainsi une santé de fer.

Le head spin (action de tourner au sol sur la tête) en est un exemple. «Quand on voit ce qu’il est capable de faire, on n’a plus aucune excuse! Il suit aussi les cours de wacking, les plus difficiles que nous proposons. C’est un style très athlétique qui utilise beaucoup de poses et de mouvements des bras», explique sa professeure, Jennifer Casimir.

Le but de Glenn est aussi de combattre les idées reçues. Les autres danseurs sont généralement très surpris de ses performances. «La première fois qu’il est venu pratiquer, je pensais qu’il allait être incapable de faire ce que le professeur demandait. J’ai été très surpris de voir qu’il était plus à l’aise que moi», se souvient un élève du studio Sweatshop, Mickael.

Rester jeune à tout prix

En 2 ans, Glenn a développé des capacités techniques et physiques solides qui lui permettent, malgré son âge avancé, d’acquérir chaque fois plus de force et de rapidité. Glenn rencontre cependant des limites. «C’est sûr que je ne peux pas tout faire mais je ne baisse pas les bras, le but étant de m’entraîner pour rester jeune et en forme», explique-t-il.

Il est conscient que, dans quelques années, il n’aura peut être plus la force physique de continuer à s’entraîner mais il compte encore profiter de sa bonne santé. «C’est quand je n’y arriverai plus du tout que j’arrêterai mais pour le moment ça va très bien», confie-t-il.

«Plusieurs personnes ici me disent que j’ai progressé depuis que je suis arrivé et je le sens, je vais mieux», affirme Glenn. «Je pense que quand on veut, on peut», ajoute-t-il. Selon lui, vivre mieux et plus longtemps, rester en bonne santé et retarder l’œuvre du temps n’est pas uniquement le fruit du hasard, c’est aussi une question d’état d’esprit. Il assure qu’alimentation saine et activité physique sont de mise pour garder la forme et ralentir les effets inéluctables du vieillissement. C’est d’ailleurs le message que tente de faire passer Glenn aux personnes de son âge dont l’envie de reprendre une activité sportive s’est envolée.

Photos François Laplante-Delagrave.