Le péril que constitue le fanatisme religieux, savamment entretenu et nourri par Alger, cible particulièrement la Kabylie séculière en ces moments. Les excès de cette dangereuse pandémie religieuse atteignent leur paroxysme chaque mois de ramadhan (jeûne musulman).
La Kabylie, dernier bastion des libertés en Algérie, se retrouve ainsi insidieusement livrée à la nébuleuse islamiste, activement soutenue par les institutions officielles de l’État algérien. Chaque année, au mois de ramadhan, le nombre de non-jeûneurs déférés devant la justice, est édifiant. Cette atteinte manifeste à la liberté de conscience est la preuve absolue de l’implication du pouvoir d’Alger dans cette dérive islamiste.
L’activité économique et la libre entreprise sont ainsi sapées dans leurs bases fondamentales, comme le montre le désarroi des restaurateurs kabyles lorsque les autorités algériennes les empêchent de travailler pendant le mois de ramadhan.
Comment justifier l’intrusion de la police algérienne dans l’enceinte privée d’un chantier de construction pour procéder à l’arrestation de deux ouvriers accusés de non-respect du jeûne ? En quoi ces deux ouvriers, étanchant leur soif, peuvent-ils menacer l’ordre public ou la stabilité de tout un État ? Sont-ils aussi dangereux que ces terroristes islamistes, venus on ne sait d’où, et qui écument en toute quiétude les maquis de Kabylie pour donner prétexte aux militaires qui, faisant mine de lutter contre le terrorisme islamique, pratiquent la politique criminelle de la terre brûlée en mettant le feu volontairement à ce qui reste de nos oliviers, de nos vergers et nos forêts ?
Une initiative pertinente émanant de la société civile, visant à affirmer la spécificité laïque du peuple kabyle, est en préparation à Tizi-Ouzou. Elle contribuera, comme ce fut le cas au Maroc en 2009 [1], à réveiller les consciences, à déciller les yeux des incrédules et à faire reculer l’obscurantisme véhiculé par l’islamisme conquérant que le pouvoir algérien tente d’incruster en Kabylie pour la détruire de l’intérieur.
Ce qui était, en effet, il n’y a pas si longtemps, une pratique anodine en Kabylie, la conception foncièrement laïque et démocratique de la vie en société, est aujourd’hui brutalement remise en cause.
Elle est devenue une raison supplémentaire pour le pouvoir algérien de stigmatiser la société kabyle en la déclarant « non conforme » à la norme arabo-islamiste qu’il tente d’imposer par divers moyens depuis l’indépendance.
Pourtant, depuis des temps immémoriaux, l’assemblée du village kabyle a consacré et pratiqué la séparation du profane et du religieux. Cet esprit laïc adopté sans aucune guerre de religion ni même la moindre violence par le génie kabyle éminemment rationnel, fut et demeure à ce jour le ciment de la cohésion et de la paix sociales en Kabylie.
Historiquement, les confédérations villageoises kabyles, d’essence foncièrement républicaine et laïque, étaient si bien assises sur un fondement social autonome des plus solides qu’elles étaient amplement satisfaites de leur mode de fonctionnement selon une organisation sociopolitique propre, consolidée par la pratique et l’usage au fil des siècles. Ni la famille, ni le village ne voulurent prêter l’oreille à toutes sortes d’innovations exotiques que les puissances dominantes du moment ne cessaient de leur proposer d’adopter, car celles-ci furent perçues comme périlleuses, susceptibles d’ébranler et de porter atteinte à cet équilibre séculier, devenu naturel pour la société kabyle. Ainsi, les décisions souveraines des assemblées villageoises ont permis au peuple kabyle de faire régner pacifiquement ordre et sécurité sans jamais avoir besoin d’ériger la moindre prison, et ce, dans le respect le plus total de toutes les croyances.
En Kabylie, la tolérance fait partie intégrante de notre culture et la sagesse conjuguée à l’éloquence de nos représentants faisait jurer nos tribuns par « Jmiε liman » (au nom de toutes les croyances), aucune n’étant au-dessus des autres !
À Aghriv, Alger revient à la charge avec une nouvelle fourberie, et tente de briser la résistance de la structure de l’assemblée de ce paisible village en manipulant une poignée d’individus endoctrinés par l’islamisme salafiste le plus rétrograde.
Ces illuminés, perfidement regroupés en « association », ne cessent de faire dans la provocation, la déstabilisation et l’arrogance en défiant outrageusement la volonté souveraine de l’assemblée du village qui avait pourtant catégoriquement refusé la construction d’une nouvelle mosquée pour quelque motif que ce soit. Ces pourfendeurs zélés se conduisent en véritables pyromanes, en collusion manifeste avec les autorités qui veulent imposer l’assimilation de la Kabylie par la contrainte. Ils tentent une pénétration de force de la société villageoise kabyle et n’hésitent pas à appeler à la rescousse le ministre algérien des affaires religieuses pour contraindre l’assemblée du village à abdiquer. En vain !
À ces sournoises pratiques religieuses porteuses de graves dangers pour la paix civile, s’ajoute la honteuse et flagrante volonté du pouvoir algérien d’isoler la Kabylie sur le plan international.
L’expulsion manu militari, vers fin juillet dernier, de deux universitaires français, Malika Colin de l’université de Strasbourg, et de Vincent Lerous de l’université d’Oslo, venus passer une dizaine de jours en Kabylie, s’inscrit dans cette même démarche. Arrêtés dans une Pizzeria, les deux universitaires sont soumis à un long interrogatoire au commissariat de Tizi Ouzou. Le fallacieux prétexte de « Liens supposés avec des organisations politiques locales » invoqué pour motiver cette mesure d’expulsion illégale nous rappelle les années de plomb du tristement célèbre Houari Boumediene. Sous escorte policière, comme de dangereux malfrats, les deux scientifiques sont reconduits sans ménagement, à la frontière par les autorités algériennes, alors que des criminels notoires, aux mains tachées du sang des milliers de victimes innocentes, affublés de titres de « repentis » perfides sans avoir jamais renoncé publiquement à leur criminelle entreprise, sillonnent en toute quiétude les boulevards de nos villes. Comment ne pas s’indigner quand le pouvoir algérien organise à Boumerdès l’université d’été des cadres de la RASD (République arabe sahraouie) [2] et refuse au CMA (Congrès mondial amazigh) [3] le droit de se réunir à Tizi-Ouzou ?
En Algérie, le pouvoir en place depuis 1962 ne respecte ni la loi, ni les femmes, ni les hommes et encore moins les conventions internationales qu’il a ratifiées. Il n’a d’yeux que pour ce qui le maintient au pouvoir. Les revendications de démocratie et de liberté à l’origine de la rébellion de Hocine Ait Ahmed en 1963, du Printemps berbère en 1980, des violentes émeutes d’octobre 1988, du Printemps noir de 2001 et de ses 128 martyres furent toutes balayées d’un revers de main. La dernière révision constitutionnelle est une réponse implacable à tous ceux qui espéraient encore obtenir un brin de liberté de cette caste au pouvoir. De plus en plus, le pouvoir algérien se focalise sur ses intérêts, se militarise, manipule la religion, renforce sa police politique et invoque, pour raviver le nationalisme algérien moribond un tant soit peu, le Satan Israël et surtout la menace du voisin, le Maroc. Comme au bon vieux temps, pour se légitimer, le pouvoir arrose, à hauteur des pics du prix du baril du pétrole, sa clientèle qu’il invite après à venir applaudir énergiquement ses options aussi obsolètes et criminelles soient-elles. Les grands principes susceptibles de redorer le blason de l’Algérie sur la scène internationale sont souvent mis en avant. On vient d’apprendre que le président du comité algérien de solidarité avec le peuple sahraoui vient de lancer une invitation à des centaines de personnalités et représentants d’organismes mondiaux, gouvernementaux ou non, connus pour la défense des droits des peuples à l’autodéfense à travers le monde, pour prendre part à un colloque international qui se tiendra à Alger entre le 25 et le 26 septembre prochain. Tenez vous bien ce colloque international a pour thème « Le droit des peuples à la résistance ». D’ores et déjà, nous sommes curieux de connaitre le sort réservé à la demande de participation de l’Anavad Anavad
Unavad Gouvernement , gouvernement provisoire kabyle. Un dicton dit : « Accule le menteur jusqu’au seuil de sa porte ».
C’est à ces pratiques moyenâgeuses qu’est dédiée toute la puissance de l’État algérien en décrépitude avancée. Et c’est précisément au rôle criminel de l’État algérien que les Kabyles désireux de s’en sortir doivent remédier. En cherchant les causes de cette descente aux enfers, une date fatidique surgit alors de notre mémoire collective : La défaite de 1871 face à la France coloniale a fatalement lié le sort de la Kabylie en l’annexant à l’Algérie française. Une Algérie créée de toutes pièces par la France coloniale [4]. Sans cet écart forcé du cours de notre histoire, les non-jeûneurs comme les jeûneurs, les locaux comme les touristes ne seraient jamais inquiétés en terre kabyle.
Les valeurs de la liberté de culte, la tolérance, l’hospitalité et l’humanisme qu’adoptent nos villages depuis des temps immémoriaux sont en accord avec la philosophie d’Ibn Rochd (Averroès) (1126-1198), père fondateur de la pensée laïque, qui avait dit : « il existe une intelligence universelle à laquelle tous les hommes participent et qui est immortelle ». Si cet enseignement avait prévalu ; nos routes seraient fluides et sécurisées, nos forêts ne seraient pas le refuge de bandes armées islamistes ni des militaires pyromanes, nos intellectuels ne seraient pas exilés ou assassinés, le rêve de notre regretté Matoub Lounès serait ainsi exaucé, nos enfants seraient au diapason du monde civilisé, la Kabylie n’aurait jamais connu ni son isolement, ni les agressions actuelles du fanatisme islamiste, que nous comptons contenir très rapidement par l’action du gouvernement kabyle.
Lyazid Abid
Ministre de la Communication, de la Justice et des Droits humains
Gouvernement provisoire kabyle
Source: Tamurt.info