Paul et le diable

Publié le 05 octobre 2010 par Magda

Paul, c’est Paul Auster, et le diable, c’est l’argent (et Paul Auster a la beauté du diable, mais c’est une autre histoire).

Hand to Mouth (traduit par Le diable par la queue en France) est un essai autobiographique du célèbre écrivain américain, publié en 1996. Paul Auster y narre ses déboires de jeune auteur, ses débuts sous-payés en tant que traducteur, poète et dramaturge.

De sa plume souple, nerveuse comme le corps élastique d’un félin, Auster parle d’argent, ou plutôt, du fait qu’il n’a pas un rond. Depuis ses premiers poèmes et romans rédigés dans les années 70, évidemment, l’écrivain new-yorkais a fait du chemin, et sa situation financière s’est très largement améliorée.

Non seulement cet essai est passionnant, mais il est aussi efficace, direct, à la fois humain et sans la moindre auto-complaisance. Au-delà de la difficulté de l’auteur débutant (et jeune père de famille) à payer son loyer, Auster revient sur ce que cela signifie d’écrire pour gagner sa vie, d’écrire jusqu’à plus soif parce que c’est la seule chose qu’on veuille faire, le seul métier qu’on maîtrise.

Ils étaient peu nombreux, ceux qui auraient prédit, dans les années 1970, que le nom de Paul Auster serait plus tard la garantie de vendre des millions de livres à travers le monde dans des dizaines de langues différentes. Cet essai plein de modestie, et superbement écrit, est un vrai antidote à la déprime pour tout jeune auteur en mal de reconnaissance sociale.