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Jean-Louis Borloo pointe son nez

Publié le 05 octobre 2010 par Hmoreigne

 Alors que la France s’interroge sur la remise en ordre de son système des retraites et que l’Elysée peaufine un remaniement qui se fait attendre, Jean-Louis Borloo pointe son nez. Assez habilement, le ministre de l’écologie a posé son caillou à la croisée des chemins par le biais d’un entretien accordé au quotidien Les Echos le 20 septembre dernier. Le ministre développe notamment son idée selon laquelle la compétitivité de la France serait “la clef de tout“.

Deviner aujourd’hui qui sera le successeur de François Fillon à Matignon relève de la cartomancie. L’intéressé pourrait même selon certains observateurs se succéder à lui-même ! En lâchant le mot magique “remaniement” Nicolas Sarkozy a réussi en partie ce qu’il cherchait. Le virus de l’émulation et de l’ambition a contaminé Jean-Louis Borloo.

L’iconoclaste ministre d’Etat donné un temps dans le trio de tête des premiers ministrables favoris accusait ces derniers jours un certain retard. Sa fibre à lui ce n’est pas vraiment le tout sécuritaire. Plutôt le social, comme maire de Valenciennes pendant 13 ans, et l’économie.

Son allure dégingandée est trompeuse. Jean-Louis Borloo a été pendant des années un remarquable et redoutable avocat d’affaires. Faux dilettante et vraie bosseur, il avoue au quotidien économique avoir “beaucoup travaillé ces derniers mois pour analyser la situation”.

Son constat est clair : “Si l’on regarde au fond des choses, 2008 a été bien plus qu’une crise financière. J’ai acquis la certitude que la crise marquait en réalité la fin d’un modèle. Nos sociétés se sont construites sur un déséquilibre structurel, avec l’arrivée massive de produits importés, financés par des endettements en tout genre et un recours abusif au crédit. On a cru que la crise se résumait à une question de technique bancaire. C’est faux ! C’est à la fois une crise de la compétitivité occidentale et une crise du sens”.

C’est là où le phénomène Borloo devient politiquement intéressant, lorsqu’il veut donner les codes de compréhension de la mutation du monde. Son analyse s’appuie sur une observation des pays émergents. “ Nous devons regarder à la loupe ce qui se passe chez les grands pays émergents. Pékin mise sur une croissance compétitive à faible intensité énergétique. Les Chinois sont devenus les leaders mondiaux du photovoltaïque, ils préparent activement les voitures sans carbone et développent un concurrent redoutable dans l’aéronautique civile. Il est illusoire de croire qu’ils nous concurrencent uniquement par les coûts salariaux ; leur compétitivité va devenir de plus en plus technologique. Personne ne pourra résister sans s’organiser“.

A l’expédition terne et morose des affaires sous Fillon, M. Borloo oppose un souffle qu’on ne lui connaissait pas rejetant le déclinisme et le fatalisme ambiant. Le président du Parti Radical estime que la reprise économique est “à notre portée”, à condition d’avoir “comme priorité la compétitivité”, ”La clef de tout, c’est d’amplifier le retour de la France dans la course à la compétitivité mondiale, d’aider et épauler nos champions nationaux”.

La crise actuelle par son impact sur la situation des finances publiques et des comptes sociaux pourrait en faire un homme ressources intéressant pour Nicolas Sarkozy, diablement utile pour adoucir l’image du Chef de l’Etat à quelques encablures de 2012.

Jean-Louis Borloo rappelle que la fiscalité, “ce n’est pas de la technique, ce sont des choix politiques” et propose rien de moins que de “construire une nouvelle fiscalité adaptée au XXI e siècle“. “Une fiscalité qui repose sur le travail et le capital matériel (les machines) relève d’un modèle ancien, d’un système national fermé où les modèles sociaux et fiscaux n’étaient pas mis en concurrence. Continuer aujourd’hui à financer l’école et la santé essentiellement par des charges sur le travail n’est plus possible ! Cela entraîne une trop grande différence entre le salaire brut et le salaire net. Et cela pèse sur la compétitivité de nos entreprises, donc sur nos emplois. Il faut faire converger la fiscalité du travail et du capital. Et puis, il faut remettre à plat la fiscalité en commençant par taxer la grande matière première immatérielle que sont les transactions financières. Pour moi, nous sommes entrés dans un monde des flux, il faut donc se tourner vers des financements innovants“.

Et si c’était fait pour Borloo ? s’interroge aujourd’hui Les Echos. Pour le quotidien le ministre de l’écologie serait vraiment très prés de la consécration. Info ou intox ? La réponse ne saurait tarder.

Crédit photo : Wikipédia

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